Inventaire des terres situées en Berry:Qu’il soit connu que quelques biens se trouvent en Berry. De ce côté de Sancerre Jusqu’à un mille, dans la paroisse dénommée. Ces terres susnommées appartiennent à l’Abbaye Mère de Noirlac et composent sont espace de plein droit.
Ce finage abrite une ancienne terre marécageuse que l’effort des moines a rendue arable et très fertile. Cette terre est destinée aux champs qui servent à la subsistance des moines et moniales de l’Abbaye.
Qu’il soit connu, pour que son souvenir soit perpétué à jamais, que Angèle noble dame de Sancerre, a donné à Saint-Arnvald de Noirlac en Berry cet alleu dénommé de son nom. Cet alleu comporte un petit bâtiment de six pieds de haut servant à abriter les outils des intempéries. Sur le fronton de ce batiment il est peint l'inscription "Aura Labora et Invente". Angèle donna également outre la terre, les dépendants de l’un et l’autre sexe qui étaient astreints à des redevances sur cette terre.
Qu’il soit préservé du temps que les moines libérèrent les manants de leurs astreintes et cultivèrent la terre eux même comme les préceptes de Saint Benoît et de Saint Bernard le leur commande. L’abbaye suivit ainsi le parfait principe aristotélicien d’amitié désintéressé puisque qu’autrefois cette terre rapportait d’importants usufruits au seigneur laïc.
Afin de conforter le lecteur dans la bonne image de l’ordre, le frère ajoute pour comparaison les charges ante-abbatiale que percevait le seigneur des lieux sur cette terre. Item ce rendra ainsi compte de la perte potentielle engendrée délibérément par charité.
Ainsi par le passé, par manse on payait cinq sous, un muid d’avoine, une poule pour le rachat de l’usage du bois ainsi que sept œufs.
Si le manse était divisé en deux, chaque partie devait trois œufs et demi et huit charretées de verges pour faire des haies autour des moissons de Dieu.
En outre étaient dues deux corvées de transport, chacune portant quatre muids de froment, cinq de seigle ou six d’avoine.
Il y a un bois sur les terres abbatiales qui bordent les cultures mentionnées. Qu’il soit connu que l’Abbaye de Noirlac autorise les miséreux des bourgs alentours à couper, pour leur usage personnel, tout le bois qu’ils désirent. S’il y a des glands, ils ne doivent aucune redevance pour leur prise. Dans la forêt abbatiale qui est un bien personnel de l’Abbaye, ils ont le droit de couper tous les bois, sauf le chêne et le hêtre.
Si les glands arrivent à maturité en cette forêt, ils doivent selon le jugement abbatial en versé le quart à leur curé qui le redistribuera en équité; s’ils n’arrivent pas à pleine maturité, ils ne doivent rien et ils peuvent se servir des glands pour la pâture des porcs.
Volpone Duc de Berry, Pair du Royaume de France, cardinal évêque de Berry, donna
Les terres et tous droits attachés de la vicomté de Vierzon, ainsi que toutes les dépendances qui doivent leur appartenir à Dieu, à Sainte Marie et au Père abbé Arnvald qui portera jusqu'à sa mort le titre d’abbé de Vierzon.
Le Père abbé Arnvald tiendra ces terres franchement, librement et exempts de taxes de droits de guet et de tous usages.
Les moines de l’Abbaye prieront pour le salut des âmes du Duc de Berry et de sa famille afin que sa mémoire soit préservée des siècles et servent à édifier les hommes par son exemple.
Si quelqu’un enfreint cette charte de possession et d’affermissement en faveur de la familia ecclesiastica susdite, que son nom ne soit plus prononcé par les frères, afin de condamner son souvenir à l’oublie.
Pour que ce présent diplôme demeure ferme et stable, le frère l’a fait ceindre du sceau abbatiale, par Monseigneur Philippe Orier Bellecour. Charte que nous avons confirmée ci-dessous de main propre.
Scellé par Son Excellence Monseigneur Philippe Orier Bellecour
Grand-Prieur de l'Ordre Cistercien de la Ste-Église Aristotélicienne
Sceo, frère cultivateur, scribe et témoin de l’acte.
Donné le 5 avril de l’an de grâce 1455.
Fait à Noirlac en Berry, dans la grâce de Dieu en toute félicité. Amen