[RP] Y a-t-il un quignon dans la salle ?

Il ne manquait plus que ça. La taille, la voix et le visage d’Eilinn étaient reconnaissables entre mille et Arnault redoutait d’ailleurs d’avoir à nouveau affaire à elle lors de cette visite. Ce maudit couvent était parsemé d’embûches : enseignants rébarbatifs, couloirs sinueux et ancien Premiers Maîtres d’Hôtel retors. Sans réfléchir, l’Azayes se précipita au secours de la vicomtesse.

Vraiment, je suis confus ma sœur...

Mais quelle idée stupide, aussi, de se placer derrière une porte, hein ? On jurerait ces chiens qui laissent traîner leur queue bien au-delà de leur corps et qui hurlent de douleur dès qu’on leur marche dessus. Eilinn n’était déjà pas commode en temps normal mais, là, il allait en prendre pour son grade. Et les possibilités de fuite étaient extrêmement limitées. L’Azayes joua donc sa carte favorite dans les moments difficiles – et même les autres – : sa mauvaise foi.

Moi qui me faisait une joie à l’idée de sans doute vous retrouver au hasard d’un couloir ou d’une alcôve... Vraiment, que voilà de piètres circonstances...

Il n’eut pas le temps de poursuivre son petit exercice dialectique quand il entendit un bruit de fruit écrasé et de glissade suivi de quelques secondes par une tentative d’arrachage de sa robe de bure. Il parvint de justice à conserver ses habits – et surtout sa précieuse capuche – et contempla ensuite la plantureuse silhouette de cette inconnue.

Monseigneur Arnault d’Azayes. Tout le plaisir est pour moi.

Gentillesse amène à peine teintée d'ironie avec l’inconnue, mauvaise foi totale et assumée avec la plus dangereuse des cisterciennes. En parlant d’elle, quelque chose disait à Arnault qu’il allait entendre le doux son de sa voix railleuse dans 5, 4, 3, 2, 1...

Arnault avait déjà subi plusieurs affronts, possédaient des ennemis qui lui vouaient une haine mortelle et avait essuyé des dizaines d’insultes qui toutes rivalisaient d’originalité mais jamais, vraiment jamais il n’avait été traité de saucisse. Décidant de ruminer sa vengeance plus tard, il se mit à l’ouvrage et ramassa les pommes qu’il avait fait choir.

Ce sont d’excellentes pommes... Vraiment, je suis bien maladroit de les avoir abîmées. Que comptiez-vous en faire ? Je vois que vous êtes toujours fort active dans ce couvent dont vous savez qu’il m’est si cher. Que devenez-vous, ma chère sœur ?

Puis, avisant la jeune inconnue :

Ma sœur, dans quel but vous rendiez-vous céans ? Peut-être puis-je vous être utile ; j’ai quelque connaissance en paneterie...