Lorsque les portes de l'Abbaye apparurent enfin à la jeune Gaidel, c'est un soupir de soulagement qui s'échappa des lèvres fines et roses de la jouvencelle. Depuis que son frère avait renvoyé son escorte pour la protéger de ses seules mains pour ensuite l'abandonner à son sort, les voyages de la jeune femme lui semblaient périlleux, jonchés de pièges et très, très, très longs. Essayez-donc de retirer tout compagnon de bavardage à une femme et vous la verrez dépérir de ne point pouvoir l'ouvrir. La monture déposée aux écuries, la Scott fit quelques pas dans l'enceinte du bâtiment jusqu'à trouver la conciergerie où elle s'empressa d'entrer, appréciant la chaleur plus que bienvenue.
Elle avait pu apprécier, comme à chaque fois, l'esthétisme très simple de l'édifice religieux, les onyx s'étant attardés davantage sur la magnifique rosace qui perçait l'un des murs de l'Abbaye, imaginant l'effet que cela devait produire à l'intérieur, lorsque pointaient les rayons du soleil. Les sens artistiques aiguisés, la Wolback-Carrann avait ainsi fait le tour du domaine rapidement, imaginant créer mille esquisses quant à ce lieu sacré.
Mais à l'abris dans cette pièce dénuée de fanfreluches, c'est tout en frottant ses mains l'une contre l'autre, que Mina attendit que quelqu'un vienne à sa rencontre, le temps des rêveries achevé pour laisser place à un air plus sérieux.