A la recherche d'un bandage

Maître de chorale Nombre de messages : 639 Date d'inscription : 12/03/2011

En y regardant bien le plan, je vis bien d'indiquer une apothicairerie ou pharmacopée. Je regardais mon doigt, ce n'était pas très jolie à voir et cela commençait à me piquer en plus. Je n'avais plus ma mère, ni Docteur Mélian, ainsi il fallait faire avec les moyens du bord. Je ne savais pas si j'avais le droit de me présenter en ces lieux, moi, simple novice et étudiante, je devais quand même trouver quelques médications pour me soigner, mère n'avait pas eu le temps de me former et Mélian avait à peine commencer. Je devais enlever déjà l'écharde qui me faisait mal, à pas de chat, j'entrais dans la pharmacopée...vaste tas de pots...la tâche allait être hardi.

La pharmacie, c'était le domaine particulier de la sœur herboriste, aussi, en tant que tel, la Grande Prieure y passait régulièrement, que ce soit pour réapprovisionner l'Hospice en plantes et préparations médicinales, ou simplement pour vérifier que nul n'avait besoin de soins.

D'ordinaire, les moines ou retraitants qui souhaitaient bénéficier des services de la médecin qu'elle était patientaient dans l'aula, grande pièce qui formait la seule entrée possible dans l'Hospice. Mais cette foys, l'abbesse fut surprise de tomber nez à nez avec la fille de Nennya lorsqu'elle poussa la porte de la petite pièce, véritable salle du trésor pour tous les herboristes en herbe.

Au début, elle crut que la blondinette s'était aventurée jusque-là pour s'amuser, mais un bref regard à la jeune fille luy indiqua qu'icelle ne semblait guère d'humeur joueuse, au contraire, quelque chose semblait la tracasser. Aussi la moniale se fit-elle aimable et accueillante pour s'adresser à l'enfant de chœur, s'évertuant à laisser de côté la mauvaise humeur qui ne la quittait point depuys son lever.

Hélène ? Puys-je vous aider en quelque chose ?

Maître de chorale Nombre de messages : 639 Date d'inscription : 12/03/2011

Voyons un peu ce pot, je mis le nez dedans, quelle poisse ca pouire beaucoup trop pour soigner mon doigt ça. Dans mes tribulations, je n'entendis pas Mère Eloin s'approcher. Je sursautais, surprise à farfouiller dans la pharmacopée. Rougissante, elle me questionna, je faillis en lâcher ma canne.

-Euh...oui ma mère...je vous prie de m'excuser pour être venue dans ce lieu qui m'est peut être interdit mais j'avais mal au doigt et je cherchais de quoi me soigner.

Je montrais à Mère Eloin, ma petite blessure qui semblait s'être infectée. D'une écharde non retirée, elle avait formé un conglomérat de sang un peu noirci.

- Je voulais aider l'abbaye en entretenant les rosiers avec de la litière de bois lorsqu'une écharde me rentra dans le doigt, je ne fis pas attention et depuis elle me fait mal. Croyez vous que mon doigt va tomber? Si c'est le cas, en plus de ma boiterie je serais bien ma partie dans la vie

L'abbesse faillit se précipiter sur l'enfant quand elle vit cette dernière sursauter, craignant que ce mouvement n'entraîne la chute au sol du pot qu'elle tenait dans sa main. Une préparation médicinale, c'était souvent plusieurs heures de travail, aussi ces pots étaient-ils précieux autant que fragiles.
Heureusement, le récipient ne chut point à terre, et le geste de la moniale se fit plus doux qu'il aurait pu l'être, lorsqu'elle récupéra le pot des mains de la novice, pour le refermer soigneusement et le remettre à sa place.

Asseyez-vous là, déclara-t-elle en désignant un tabouret près de la table qui luy servait pour préparer les jules et autres fomentations médicales. Interdit ? Non point, si vous estes assez précautionneuse pour ne point briser un pot ou mélanger deux ingrédients incompatibles par inadvertance...

Autrement dit, si l'endroit n'était point fermé à clef en permanence, il n'en était pour autant point accessible au premier ignorant venu !

Elle ouvrit le grand vaisselier placé le long d'un mur, et qui contenait tous les récipients nécessaires à tout herboriste de ce nom, se saisit d'un chandelier et d'un petit panier, avant de déposer le tout sur la table, et de tirer un second tabouret face à celuy qu'occuperait sa jeune patiente. Elle alluma les trois bougies du chandelier à l'aide d'une torche accrochée au mur dans l'aula, puys revint le poser sur la table, avant d'examiner attentivement la main que luy présentait Hélène.

Rassurez-vous, vous ne perdrez point ce doigt, murmura-t-elle après un court silence. Il me faut simplement ôter l'écharde, et désinfecter la plaie, après quoi vous vous sentirez mieux.

L'abbesse prit alors un linge propre, l'imbiba d'alcool, et l'approcha du doigt malade.

Prête ? Cela va piquer un peu, je pense...

Maître de chorale Nombre de messages : 639 Date d'inscription : 12/03/2011

Elle me retira le pot des mains, me donnant l'ordre de m'assoir sur une chaise. J'obéis sagement, Docteur Mélian était différente, ma mère l'était aussi, et Mère Eloin avait ses méthodes, tout ce que j'espérais c'est de pas avoir de lavement, pas de cisaille pour le doigt et autres choses que mon enfance avait voulu oublier rapidement. Elle prit ainsi les instruments, il fallait ainsi retirer l'écharde...pas pleurer pas pleurer. Elle m'avertit que ca piquait, je serrais les dents d'avance.

-Je suis prête mère Eloin, allez y

Prête...je fermais les yeux.

A peine la réponse de la novice avait-elle fusé que le linge imprégné d'alcool fut appliqué sur la plaie, en légers tamponnements. Ceci fait, elle se saisit d'une aiguille qu'elle essuya sur la partie du linge imbibé, afin de la désinfecter, et s'en aida pour aller chercher l'écharde, coupable de ce doigt abîmé.
Lorsque le corps étranger fut suffisamment dégagé pour qu'elle puysse s'en saisir sans trop de difficultés, la moniale reposa l'aiguille sur la table, et se saisit d'une petite pince en fer, avec laquelle l'écharde fut ôtée. De nouveau le linge humidifié par l'alcool fut appliqué sur le doigt, avant que la main ne soit libérée.

Voilà. Déclara-t-elle aussitôt. Veillez à ne point vous cogner le doigt, et enveloppez-le dans un linge pour le protéger des tâches salissantes ; et d'ici quelques jours il n'y paraîtra plus.

Elle procéda alors au nettoyage de l'aiguille et de la pince, en les trempant dans l'alcool avant de les sécher soigneusement avec un linge propre ; puys rangea le tout dans le panier.

Je pars demain à l'aube, avec plusieurs autres cisterciens, pour officier la cérémonie en l'abbaye de Vallbona. Vous pourriez nous accompagner, cela vous permettrait de visiter une autre abbaye cistercienne. D'autant plus qu'il est prévu des chants durant l'office...

Maître de chorale Nombre de messages : 639 Date d'inscription : 12/03/2011

Je fermais les yeux forts, je sentais bien l'aiguille s'enfoncer dans mon doigt, je sentais des picotements. Je serrais les dents, je devais être plus sensible que je ne le pensais, ce n'était qu'une écharde après tout. Lorsque Mère eut fini, elle donna les consignes de soin, je devais protéger mon doigt. J'ouvris les yeux, soufflant calmement. Mère me proposa de l'accompagner avec plusieurs cisterciens dans une autre abbaye. C'était une aventure pour moi, je dis:

-Si cela m'est autorisé je serais avec plaisir des votre ma Mère. Merci de m'avoir soigner le doigt, je suivrais attentivement vos consignes.

Je me levais, reprenant ma canne laissée de côté, je n'osais l'embrasser pour la joue pour la remercier. Je lui souris donc.

Pas une plainte, pas un gémissement ne s'échappa de la jeune fille tandis qu'elle la soignait. Au contraire, l'enfant mit toute son ardeur à rester digne dans la douleur, et, en cela, elle luy rappelait sa filleule. Oui, décidément, Hélène et Elianor avaient d'autres points communs que la couleur de leur chevelure ! Et dire que leurs mères respectives n'avaient jamais pu s'apprécier, alors que leurs héritières étaient si semblables...

L'abbesse eut un bref hochement de teste, tandis que sa patiente quittait son siège.

Si je vous propose, c'est que cela vous est autorisé, Hélène. Découvrir une autre abbaye cistercienne ne peut qu'estre une bonne expérience pour une novice, et je gage que le climat qui règne au delà des Pyrénées ne pourra point nous faire de mal, en cette saison !

Maître de chorale Nombre de messages : 639 Date d'inscription : 12/03/2011

Je regardais confiante Mère Eloin, je répondis d'un oui de la tête, changer un peu d'air ne me ferait pas de mal, et j'avais besoin d'inspiration pour la rédaction du mémoire de fin de séminaire. C'était l'occasion aussi de passer pour la première fois les contrées du Béarn.

-Merci ma Mère, je viendrais même si j'ai bien peur de ne connaitre la langue de cette contrée. Vous avez bien raison, j'ai besoin d'un nouveau souffle...