Pas pour une demande de baptême...

Retraitant Nombre de messages : 12 Date d'inscription : 23/01/2013

Quelques semaines auparavant, Linien s'était présenté en confession auprès de frère Milandor, qui lui avait donné une pénitence à faire. Malgré sa légereté, Linien n'avait pas pour l'instant eu l'occasion de l'accomplir, avec les troubles en Anjou.
Il avait pris congé de la duchesse de Chateau-Gontier pour retourner à Noirlac et il demanda ainsi à rencontrer le Grand Prieur, Mère Eloin.

Après avoir toqué à la porte, il attendit patiemment qu'on lui dise d'entrer.

Une nouvelle visite s'annonçant par un bref coup à la porte du bureau, l'abbesse ferma l'ouvrage qu'elle était en train de consulter, avant d'autoriser l'entrée.

Lorsque le jeune homme fut face à elle, Eloin le salua d'un signe de teste.

Bonjorn ! En quoi puys-je vous estre utile ?

Oblate Nombre de messages : 1215 Date d'inscription : 13/05/2010

Le jeune homme, si on pouvait le dire ainsi, salua la grande Prieuse.

Ma Mère, le bonjour...
J'ai été entendu à confesse il y a de cela quelques jours par le frère Milandor, à qui j'ai exposé un dilemme. Il m'a invité à trouver le pardon auprès du Très-Haut via une pénitence, mais je pense devoir également le faire auprès de ceux que j'ai blessé.

Propos sibyllins, mais que la cistercienne comprendrait probablement. La casquette qui recouvrait les cheveux fut ôtée et la coiffure vaguement domptée, et peut-être qu'ainsi la grande prieuse pourrait reconnaitre l'ancienne cistercienne, dont la moitié du visage était désormais ravagée par des cicatrices, des brûlures probablement.

Eilinn imaginait que la cistercienne lui en voudrait probablement pour ce mensonge, pour cette messe qu'elle avait célébré au nom d'une morte, qui ne l'était pas. Il avait fallu pas mal de courage à la jeune fille pour reprendre son vrai nom, après s'être cachée plusieurs mois en Anjou, et accepter les conséquences de ce qu'elle avait. Elle n'avait désormais plus de titres, plus de charges royales, même si cela n'était finalement pas le plus important.

Mère Eloin, je vous demande pardon.

L'émotion était sensible dans la voix d'Eilinn, au vu de l'affection qu'elle avait toujours eu pour Eloin.

Les paroles qu'elle oya luy firent hausser un sourcil d'étonnement. Il y avait bien quelque chose, chez son visiteur, qui luy semblait familier, mais elle n'aurait su dire quoi si la casquette n'avait point été ôtée.
Et l'abbesse en resta littéralement bouche bée, alors que, dans son esprit, s’associaient la voix et le visage de celle qui avait failli prendre le voile cistercien quelques temps auparavant.

Eilinn... Comment... Par quel miracle ?!

"Par quel miracle avez-vous survécu à l'enfer des flammes ?" Aurait-elle aimé pouvoir dire à haute voix, mais la fin de sa phrase mourut sur ses lèvres, étranglée par le nœud qui était venu nouer sa gorge. Dire qu'elle avait prié pour le repos de l'âme de la Melani, qu'elle avait dit une messe à sa mémoyre, et qu'elle avait mesme songé à se rendre sur les lieux de l'incendie pour déposer un petit bouquet de fleurs...

Un blasphème... Elle avait commis un blasphème, sans mesme s'en douter. Et pourtant, elle en était presque heureuse, tant la joie l'envahissait de constater que la jeune fille était belle et bien vivante, quoiqu'un peu abîmée par l'incendie.
Elle ferait pénitence, pour ce qu'elle avait officié cet hiver, elle demanderait pardon au Tout-Puissant pour luy avoir recommandé une âme qu'IL n'avait finalement point reçu. Mais avant...

Venez... Asseyez-vous, et dictes-moy comment vous avez pu vous sauver... Eilinn... Je suys si heureuse de vous revoir !

La joie, oui, c'était la joie qui dominait la moniale en cet instant. Les reproches viendraient peut-estre au fil de la discussion, mais, pour l'instant, elle voulait savourer cette incroyable nouvelle.

Oblate Nombre de messages : 1215 Date d'inscription : 13/05/2010

Soulagement, le coeur d'Eilinn s'apaisa en voyant la réaction de la grande Prieuse. Elle avait longtemps craint cette rencontre, la repoussant à chaque fois, par peur. A l'invitation d'Eloin, Eilinn s'assit dans le siège et elle commença à raconter sa vie des derniers mois. Cette vie ou elle avait été un autre.

C'était... la folie...
Ernest est devenu fou avec le décès de sa mère, Ella Durée. Il a mis le feu à la cuisine ou nous nous trouvions et il m'a presque assommé. Il ne fallut que quelques minutes pour que tout brûle.
J'ai réussi à me trainer, à sortir par une porte donnant sur l'arrière, dans une petite ruelle.
Tout s'est effondré peu de temps après.

Inconsciemment la main d'Eilinn se porta à sa joue ravagée par le feu, avant qu'elle ne revienne dans son giron.

Je me suis réfugiée dans un atelier de couture que je connais bien, tenu par Yolanda Isabel de Josselinière. Elle m'a soigné. Et caché. Je ne voulais plus... je ne voulais plus rien de ma vie d'avant. C'était devenu trop lourd, et j'ai été lâche, j'ai préféré... mentir à tous mes proches, renoncer à mon titre. Je voulais juste... oublier.

J'ai vécu en Anjou pendant ces derniers mois, pour panser mes plaies, réflechir... me demander si le Très-Haut me pardonnerait mon errance. Il y a eu un déclic, une nuit, et je me suis dit qu'il était temps de redevenir moi-même, d'assumer les conséquences de mes actes, de mes trahisons. C'est pour cela que je suis venue d'abord me confesser, même si il a ensuite fallu du temps pour que je pousse la porte de votre bureau.

Eilinn se tut alors, guettant la réaction d'Eloin à tout ceci.

Un mince rictus déforma le visage de l'abbesse lorsqu'elle oya le nom de la Josselinière. Le secret avait été bien gardé, pour sur !

Donaiselà Yolanda avait fait parvenir l'annonce de l'incendie jusqu'aux portes de l'abbaye, et, à ma demande d'officier des funérailles, elle répondit qu'il ne fut point retrouvé de corps... Ce doit estre une personne qui tient beaucoup à vous, pour oser mentir à un clerc...

Nul reproche ne pointait dans la voix de la moniale, elle savait quels actes l'amitié, ou l'amour, pouvaient parfoys engendrer.

Je vous remercie d'avoir eu le courage de venir m'expliquer tout ceci, je conçois que ce ne doit point estre chose aisée. Et... maintenant ? Que pensez-vous faire ?

Si la jeune fille comptait reprendre la place qu'elle avait quitté en se faisant passer pour morte, il allait luy falloir beaucoup de patience, et d'esprit combatif, car nombreux seraient ceux qui s'opposeraient à ce retour, croyant à une usurpation...

Oblate Nombre de messages : 1215 Date d'inscription : 13/05/2010

Oui, nous nous connaissons depuis longtemps, elle et moi. Je sais que je pourrai toujours trouver refuge chez elle, tout comme elle trouvera un soutien auprès de moi.

C'était d'ailleurs une étrange amitié, bien différente de celle qui l'avait unie à Jehanne-Elissa. Peut-etre que celle-ci était plus... adulte, même si la duchesse de Chateau-Gontier restait une indéniable enfant capricieuse. Eloin l'interrogea alors sur son avenir et Eilinn prit une inspiration.

Je suis plus libre que jamais, maintenant que je ne suis plus rien.

Je veux prononcer mes vœux définitifs, et je comprendrai qu'il soit nécessaire pour cela que je recommence en tant que simple novice, accueillir les fidèles, prendre en main une simple charge...
Mais retourner au service du Très-Haut fut ma principale motivation pour reprendre mon vrai nom. Si l'ordre cistercien ne voulait pas de mon retour en son sein, je le comprendrai. J'imagine d'ailleurs que cette réintégration pourrait être sujet à débat au sein du chapitre, et je me plierai à sa décision.

Si l'ordre cistercien ne voulait plus de moi, je chercherai alors un autre ordre religieux à intégrer. Enfin sauf les thomistes, bien entendu.

Léger sourire qui vint déformer les cicatrices sur le visage d'Eilinn à ses dernières paroles.

L'abbesse eut un bref hochement de teste en oyant le souhait de la jeune fille. Elle se doutait de la réponse qui venait de luy estre fournie, pour avoir discuté avec elle de ses envies par le passé, et l'opposition qui était venue contrer ces projets.

Je vais soumettre la nouvelle de vostre retour et de vostre désir de prononcer les voeux complets au chapitre, et je vous donnerais nostre réponse dès que nous aurons pris une décision.
Cependant je crains qu'il ne vous faille vous armer de patience, l'ordre cistercien est quelque peu "ralenti", ces derniers temps, bien que nous restions l'ordre religieux le plus actif à ce jour.

Soeur Psy_barbie s'est éloignée pour de bon de l'abbaye et de l'ordre ; frère Uriel a également pris quelques distances, il a d'ailleurs quitté sa charge d'archevesque de Besançon. Nous avons eu également à déplorer plusieurs décès, dont certains causés par l'épidémie qui nous est arrivée de Méditerranée.
Mais nous avons aussi eu la joie d'accueillir quelques novices, et il se présentent toujours des séminaristes.

Eloin marqua une courte pause après ce bref résumé des dernières nouvelles de l'abbaye, avant d'oser une question qui luy brûlait les lèvres.

Pensez-vous reprendre vostre office de cuisinière en nos murs ? A moins qu'une autre charge ne vous tente ?

Oblate Nombre de messages : 1215 Date d'inscription : 13/05/2010

Eilinn hocha la tête.

Je comprends tout à fait, mère Eloin, j'attendrai donc l'aval du chapitre. Et n'ayant pas d'autres projets, le temps n'est plus un problème pour moi.

Eloin l'interrogea sur ce qu'elle comptait faire au sein de l'Abbaye et Eilinn eut l'esquisse d'un sourire.

Et bien, si personne d'autre ne remplit cette charge, j'imagine qu'il n'y aurait pas d'objection à ce que je la reprenne. Dans mes souvenirs, l'ordre ne s'est guère plaint de ma cuisine.

Les projets reviendront certainement au fil du temps, ma sœur.

Si ses souvenirs étaient bons, elle n'avait point eu le temps, à l'époque, de rédiger de certificat de décès, et avait -heureusement- oublié depuys. "Redevenir" celle qu'elle était ne poserait guère de problèmes qu'à la Hérauderie, si toutefoys la mort d'Eilinn avait été actée par les hérauts généalogistes, et elle savait qu'ils n'avaient parfoys point le temps de mettre à jour toutes les fiches nobiliaires du royaume...

Ah ça non, nul ne s'est jamais plaint ! Je suys d'ailleurs certaine que certains cisterciens seront heureux de vous voir revenir en cuisine !

Depuys vostre départ, nous avons chacun à nostre tour occupé la cuisine, afin que ce ne soit point toujours le mesme cistercien qui soit contraint d'exécuter cette tâche. Je puys vous dire que certains ne sont guère doués pour cuisiner, moy la première !

Elle se trouvait bien plus à l'aise parmi les livres de théologie et les ustensiles de broderie, pour sur !

Oblate Nombre de messages : 1215 Date d'inscription : 13/05/2010

Eilinn sourit un peu plus franchement à l'évocation des cisterciens se succédant aux cuisines.

Je ne suis active qu'au sein d'un atelier de couture, cela me suffit amplement. Vous savez, je suis montée assez haut, malgré mon jeune âge, pour ne plus avoir d'ambitions à combler au niveau des institutions du Royaume.

Je vais aller reprendre possession d'une cellule au sein de l'Abbaye, en attendant que le chapitre se décide me concernant.

Eilinn se leva, et allait prendre congé, à moins que la Grande Prieuse n'ait d'autres questions pour elle.

[merci pour le message sur la page principale, même si ça surprend !]

Un hochement de teste suivit la déclaration de la jeune femme. Il est vray qu'après avoir occupé la charge de Premier Maistre d'Hostel du Roy, icelle ne devait s'estimer libérée de toute ambition...

Je ne suys point sure, mais il me semble que la [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] que vous occupiez naguère n'a point été réattribuée, vous pourriez donc en reprendre possession si vous le souhaitez...

L'abbesse se leva à la suite de sa visiteuse, non sans préciser un dernier point.

Nostre recteur voudra certainement vous voir, rares sont les retours de cisterciens disparus, je pense qu'il souhaitera discuter avec vous quelques instants...

Connaissant le frère Bardieu, curieux en toutes choses, il ne manquerait point de venir s'entretenir avec cette miraculée d'un brasier considérable.

Quand on parle du loup, on en voit régulièrement le bout de la queue. Dans le cas du frère abbé, c'était parfois vrai, parfois faux. Mais, dans le cas particulier du retour d'une miraculée du bâtiment et travaux public, spécialité démolition, Bardieu arriva avec son bâton qui lui servait à soutenir sa vieille carcasse.

Sœur Eloin, vous ici, je vous cherchais, auriez vous vu notre sainte sœur miraculée... Bardieu n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il vit, à côté d'Eloin, sœur Eilinn. Ma sœur, vous êtes donc bel et bien là ? Ce n'est pas une hallucination ni un coup de la créature sans nom ? Alleluia !

Oblate Nombre de messages : 1215 Date d'inscription : 13/05/2010

Eilinn hocha la tête aux divers propos de la Grande Prieuse.

Peut-être reste-t-il quelques-une de mes affaires dans mon ancienne cellule. Je comprendrai que Monseigneur Bardieu veuille discuter avec moi... Peut-etre voudra-t-il vérifier mon "authenticité" !

Ce fut à ces derniers mots que le recteur entra dans le bureau, apostrophant Eloin, avant de s'adresser à elle. Eilinn se leva et s'inclina. Il fallait croire que les rumeurs couraient vite.

Monseigneur, cela me fait plaisir de vous revoir également ! Je n'ai rien d'une hallucination, et j'ose espérer que le Sans-Nom n'est pour rien dans tout cela également.

La première question fusa de la bouche de l'abbé. Alors, ma soeur, comment avez vous échapper au désastre ? Que vous est il arrivé ?

Soudain, il se rendit compte que c'était presque de la curiosité malsaine, mais il préféra ne pas y penser.

Oblate Nombre de messages : 1215 Date d'inscription : 13/05/2010

A la question de Bardieu, Eilinn hésita. Devait-elle révéler tous les détails de cette journée maudite ? Seule Yolanda-Isabel connaissait l'entière vérité, mais peut-être que pour que l'ordre cistercien comprenne ses égarements, il fallait être plus minutieuse.

Ah, Monseigneur...

Une inspiration et elle se rassit, avant d'entamer le récit. Quand tout cela avait-il commencé ?

Je ne dois ma survie qu'à beaucoup de chance, et peut-être l'aide du Très Haut. Ma belle-mère fut découverte sans vie ce matin-là, elle souffrait depuis bien des mois d'une étrange maladie qu'aucun médicastre ne pouvait guérir. Seule la belladone atténuait ses souffrances et ses tremblements.

Mon mariage avec son fils était son idée, afin que je puisse reprendre sa boutique, son nom, ses recettes. Ernest, son fils, était simple d'esprit et elle craignait pour lui après sa mort. J'avais accepté ce marché, Ella Durée était pour part de ma réussite au sein de la Maison du Roy, sous le règne de Béatrice de Castelmaure, ainsi je pensais lui être redevable. Et j'avais l'assurance qu'il ne serait jamais consommé.

Lorsque j'annonçais son trépas à Ernest, il ne put s'y résoudre. Décidé à... réchauffer le corps glacé de sa mère, il voulut la ... mettre dans le four de la cuisine, malgré mon opposition il me repoussait à chaque fois. Il était comme fou...

Ce fut à ce moment que la pièce prit feu. Tout alla très vite, les flammes montaient déjà sur les murs quand j'ai réalisé ce qui se passait, et l'impossibilité d'éteindre l'incendie alors que mon mari répandait les braises dans la cuisine, prit de folie. Sur le corps de sa mère, sur lui-même, en hurlant.

Parfois ses cris hantaient encore les cauchemars de la jeune fille.

A ce moment encore, je ne pensais pas à ma survie...
J'étais juste terrifiée, je pensais que j'allais mourir là. J'ai voulu alors récupérer le livre de recettes d'Ella, que j'estimais me revenir. Ernest s'y opposa de nouveau, je ne pus rien faire.
La chaleur devenait insoutenable et le plafond de l'étage céda à ce moment. Je pense que c'est à ce moment que je fus blessée.

De nouveau, la main se porta à sa joue, même si les cicatrices couraient jusqu'au milieu de son dos.

Leurs corps furent ensevelis et je réussis de justesse à rejoindre la porte qui donnait sur l'arrière de la boutique, dans une ruelle peu fréquentée de Paris. Je rejoignis un atelier de couture ou j'avais une amie, qui acceptait de me soigner, de me loger, de me cacher, le temps que je souhaiterais.

Je ne prévins personne de ma survie, pas même ma meilleure amie, et cela ne fait que quelques semaines seulement que... je reviens à la vie.

Désormais dénué de la particule "Durée".

Je voulais seulement oublier, Monseigneur.

C'était là son unique excuse pour ses mensonges. La jeune fille avait maitrisé sa voix pendant ce récit, mais il était évident que les séquelles de l'évenement étaient encore bien présentes.

Le cistercien ne dit pas un mot. Il ne voulait pas en entendre plus et il n'avait pas besoin de plus. Il était clair et indiscutable que la sœur Eilinn avait subit un traumatisme extrêmement dur qu seule une âme forte était capable d'endurer sans sombrer dans la folie la plus terrible. Le cistercien hésita à prendre la sœur dans ses bras, en signe de réconfort. Il n'avait jamais été doué dans ce domaine, mais il préféra la dernière phrase de Eilinn : elle préférait oublier. Et le frère cistercien préféra aussi qu'elle oublie, car ce n'était pas la meilleure chose à se souvenir.
Il fallait maintenant, en plus de la compassion, prononçait des mots, ne pas laisser un silence pesant et désagréable s'installer. Il essaya de trouver ce qui pouvait être juste, aimant, mais qui ne rappelle pas ces mauvais souvenirs.

Ma sœur, venez, allons prier ensemble. Derrière le malheur, l'espoir, la joie, et l'amitié existe, même s'ils sont bien caché. Derrière ce drame, je ne vois qu'une chose : votre retour à la vie. Derrière les flammes et la fumée, qui obscurcissent toute vue, il y a l'amour et la lumière. Agenouillons, ici, devant le Tout Puissant, et prions en silence, pour le salut de ceux que l'on ne voit plus, mais, surtout, pour la joie de vous revoir, vous.

Bardieu se posa sur ses genoux et commença à psalmodier quelques paroles. L'histoire d'Eilinn l'émut tellement qu'une larme s’échappa de son œil droit pour atteindre le début de la barbe. Mais personne ne savait s'il s'agissait d'une larme de tristesse, ou bien de joie.

Oblate Nombre de messages : 1215 Date d'inscription : 13/05/2010

Eilinn accepta l'invitation de Bardieu à la prière avec joie, et soulagement. Par ce geste, elle se sentait un peu réintégrée dans cette communauté, et surtout elle aimait beaucoup ce vieux barbon de Bardieu. Qu'il ne lui fasse aucun reproche était d'un grand apaisement et ses yeux bleus s'humidifièrent un peu.
Une fois que les prières se furent envolées dans l'Ether, Eilinn reprit la parole pour le Recteur.

Monseigneur, j'ai présenté une requête à Mère Eloin, pour réintégrer l'ordre cistercien. J'espère que vous voudrez bien la considérer avec ... bienveillance.

La jeune fille avait déjà exprimé le fait de ne pas avoir de traitement de faveur, qu'elle ne voulait pas bouleverser l'Ordre Cistercien à qui elle devait beaucoup de choses.

Le cistercien était resté muet quelques instants. Ainsi, elle échappe à la mort pour se réfugier dans une endroit aussi mort que Noirlac. Intéressant comme stratégie, mais Bardieu était bien décidé à faire revenir Noirlac au centre des préoccupations principales spirituelles.

Ainsi donc, ma sœur, vous souhaiter revenir à nouveau parmi nos rangs et prendre le voile, tel que le prévois la règle de saint Benoit. Je n'ai aucune raison de m'y opposer, tous les bras sont les bienvenues, mais vous connaissez nos règles, et, en particulier l'humilité. La justice en est une autre et m'oblige à ne pas considérer votre passif , pourtant transcendant, dans votre demande. Mère Eloin et moi même allons consulter le chapitre sur votre sujet. Si la réponse est favorable, nous vous intégrerons au cours d'une cérémonie d'intronisation, la prochaine devrait arriver prochainement.