Nonchalance champêtre

J'avais marché de longues heures avant de parvenir au domaine de Vierzon. Alentours, de vastes plaines céréalières et nombre de tonneaux emplis des fruits de la treille tandis qu'à l'abri de la lumière semblaient être patiemment mûris les fromages de l'abbaye, dont la présence et la consommation à table devaient sans doute ajouter de l'attrait au repas. Cette ambiance champêtre et les généreux rayons d'un soleil de none me firent me laisser aller au jeu et je filai de moines en moniales, d'oblats en simples voyageurs les entretenir un brin. Une promenade ressourçante d'un jour entier, égayé de petits mets offerts par-ci, par-là ; un morceau d'un vieux laitier de vache, un fruit bien mûr, une croûte d'un pain à peine sorti du four... il ne fallait somme toute que peu pour rendre heureux. Mes pas m'amenèrent enfin à l'huis de la conciergerie, à matines. Là, j'attendis quelques minutes.. en vain. Puis, en y jetant un œil plus précis, je vis une affichette conseillant aux visiteurs d'insister sur la clochette ou le butoir pour être certains de bien se faire entendre. Aussitôt lu, aussitôt fait. Un grand fracas. Le silence. Des bruits de pas ; on m'avait entendu.

Il était fort tôt pour ouvrir la porte aux visiteurs, cependant, l'abbaye n'avait point coutume de refuser l'entrée à ceux qui voulaient s'instruire. Aussi, par précaution, l'abbesse -en faction à la conciergerie ce jour-là- tira le judas et observa un instant l'homme qui se tenait devant la porte, vérifiant qu'il n'avait point d'intentions belliqueuses. De prime abord, il semblait bien pacifique, aussi referma-t-elle le judas pour ouvrir la porte, juste assez pour luy laisser le passage.

Sénher, lo bonjorn et la bienvenue en l'abbaye Sainct-Arnvald de Noirlac. Je suys mère Eloin, moniale cistercienne entre autres occupations. En quoi puys-je vous estre utile ?

Je rongeais mon frein. Mes coups, amples et drus, sur le massif de bois semblaient ne hâter personne. Alors, tandis que je tournais les talons, le cliquetis de la serrure se fit entendre et la silhouette d'une dame m'apparut, étonnamment familière. Le monde? Bien petit, car trouver ici une hôte venue de ma contrée d'accueil... Il y avait de quoi s'étonner de pareille coïncidence. J'avais assisté aux dernières messes avec grande attention, à Ventadour, et ai pu écouter et voir quelques personnes venues humblement demander, après l'office, quelques minutes d'attention à cette dame qu'ils apostrophaient par l'étiquette d'Évêque.

- Votre Excellence... Un instant de réflexion, scrutant l'abbaye par-delà le porche... ou ma Mère, je ne sais trop ce qui pourrait ici vous convenir le mieux. Mon nom est Etienne et je viens de Ventadour, un petit village que vous devez fort bien connaître! Souriant. Me permettrez-vous d'entrer? Enlevant un à un mes gants, lentement. Je viens vers vous car j'ai eu ouïe dire que l'ordre Cistercien dispensait une pastorale et un séminaire? Si tel est le cas, j'aimerais beaucoup pouvoir suivre ces formations.

Ma mère suffira amplement icelieu, déclara la moniale devant l'hésitation de l'homme dont le visage, effectivement ne luy était point inconnu. Ventadour, oui, je fus bien accueillie lorsque je vins nommer mère Melval abbesse.

Nous dispensons effectivement plusieurs cursus, dont la pastorale et la licence en aristologie. Mais, pour ce qui est de la pastorale, comme vous dépendez de mon diocèse, vous pouvez rejoindre la session que je mène actuellement au palais épiscopal de Limoges...*

* Forum officiel secondaire -> Comté du Limousin & de la Marche -> Diocèse de Limoges -> Palais Episcopal Public -> "[RP] Salle commune - Pastorale juillet 1461"

J'écoutais attentivement les mots de mon interlocutrice et songeais déjà au chemin que je devrais emprunter pour joindre le palais épiscopal du diocèse.

Je vais m'y rendre de ce pas! dis-je avec enthousiasme, et en ce qui concerne la licence en aristologie, je ne compte pas brûler les étapes et vous reviendrai dès ma pastorale achevée.

Remerciant chaleureusement la moniale, je tournai les talons et partis pour Limoges.