Messe du 20 juillet 1456

Une semaine particulièrement éprouvante, un voyage à Rome et une cérémonie d’adoubement sans compter une visite rendue à un homme qui venait de perdre sa femme, il n’en fallait pas plus à Neocor pour être épuisé… C’est donc avec grand retard qu’il se rendit à la Chapelle pour célébrer la messe… Nombreux étaient ceux qui attendaient sur le Parvis le début de l’Office… Il s’excusa avec une expression de désolation sans oublier de donner l’image de la grande amitié qu’il avait pour chacun… ;bien que cela ne soit pas nécessaire, il agite avec énergie la cloche, jette un dernier regard à sa vieille bure rapiécée et revient dans le chœur… Il vérifie que les éléments aristotéliciens sont bien là : le brasier pour le feu, la pierre taillée pour le sol, l’encensoir pour l’air embaumé, la vasque pour l’eau, l'éther constitué par la communion des âmes déjà présentes

Mes chers Amis, mes Enfants, mes Frères et Sœurs, demandons le Pardon au Très haut pour les fautes que nous avons pu commettre...

Je confesse à Dieu Tout-puissant, à tous les Saints, et à vous aussi, mes Amis, parce que j'ai beaucoup péché, en pensée, en parole, en action. Je supplie tous les Saints, et vous, mes Amis, de prier le Créateur pour moi.
Que le Très Haut nous accorde le pardon, l'absolution et la rémission de tous nos péchés.


Mes Amis, Mes Frères et Sœurs, Ma joie est grande de vous retrouver pour cet Office à la gloire du Très Haut… Tel l’artisan, il nous appartient de remettre cent fois notre métier sur l’ouvrage, car la célébration ne doit subir aucun manquement… Rendre grâce au Tout Puissant, à nos apôtres et à tous nos Saints est une chose qui ne souffre l’absence d’aucun d’entre nous !

Nous allons lire un passage de la nature des Astres extrait des Dialogues d’Aristote

Citation :

Dialogues d’Aristote- La nature des Astres (Extrait des écritures de MaisseArsouye)

Par un jour sans nuage, Aristote avait convié ses disciples à admirer la voûte céleste. Tous s’émerveillaient de la beauté des astres, brillant comme des flambeaux sur un ciel d’encre. Le maître montrait à ses élèves comme les étoiles ont un mouvement caractéristique. Mais certains commençaient à avoir froid et voulaient rentrer se coucher.

Sargas : "Maître, ne serait-il pas plus profitable pour nous de discuter et d'étudier plutôt que de paresser ainsi dehors ?"

Aristote : "Ainsi donc, tu penses que nous paressons. Ne crois-tu pas que les sphères célestes soient les choses les plus parfaites qui existent ? De quelle manière se déplacent les astres, dis-moi ?"

Sargas : "Maître, ils se déplacent en cercles, fixés qu'ils sont sur des sphères cristallines et transparentes."

Aristote : "Bien. Et la Terre, quelle est sa forme ?"

Sargas : "L'observation des étoiles lors d'un voyages ou d'un bateau à l'horizon nous montre qu'elle est ronde."

Aristote : "Ainsi donc tu écoutes fidèlement mes leçons. La Terre est sphérique, et le ciel se compose de sphères supportant les astres. Le cercle et le mouvement circulaire sont partout. Or quel mouvement est plus parfait que le mouvement circulaire ?"

Sargas : "Aucun maître, car il se suffit à lui-même et traduit la continuité. Le mouvement circulaire est le mouvement parfait par excellence."

Aristote : "Or un mouvement parfait ne peut être produit que par une puissance parfaite. Et la seule puissance parfaite, c'est Dieu ! Chers disciples, l'observation des cieux nous permet de comprendre comme sont bien agencées les sphères célestes. Et cette perfection porte la marque de Dieu."

Mes chers Enfants, ainsi voyons nous, une fois de plus une démonstration prouvant que l’œuvre du Très Haut ne peut qu’être perfection…Oui, le mouvement circulaire en est une des plus excellents et compréhensibles manifestations… que faisons nous, nous-mêmes, par extension si ce n’est qu’une magnifique répétition de nos actes de la veille… N’est on point dans le même processus de circularité lorsque nous nous levons chaque matin et prions pour le Très Haut, puis nous trempons notre corps dans l’eau afin de le purifier avant que de prendre quelque nourriture et de nous en aller accomplir nos travaux… Et ne faisons nous point de même, chaque soir, dans nos prières avant que d’aller déposer notre corps fatigué sur notre couche afin d’obtenir le repos nécessaire qui nous permettra de recommencer le lendemain… ? L’homme est ainsi soumis à des rythmes, comme celui de chaque dimanche où il abandonne le travail pour se consacrer au Très Haut tout Puissant… La circularité de notre Terre, de son cheminement dans l’espace est à l’image de la circularité des rythmes journaliers que nous nous imposons…

Il est temps de confier nos âmes au Tout Puissant en lui renouvelant notre amour par notre Credo :


Je crois en le Très-Haut tout puissant,
Créateur du Ciel et de la Terre,
Des Enfers et du Paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.

Et en Aristote, son prophète,
le fils de Nicomaque et de Phaetis,
envoyé pour enseigner la sagesse
et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep.
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis.
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce,
Il est mort dans le martyr pour nous sauver.
Il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote à la droite du Très-Haut.

Je crois en l'action Divine;
En la Sainte Église Aristotélicienne Romaine, Une et Indivisible;
En la communion des Saints;
En la rémission des péchés
En la Vie Éternelle.

AMEN

Ce fut le partage du Pain et du Vin et l’habituel échange sur le Parvis…Et chacun se promit de se retrouver dimanche prochain...

Ces derniers jours, on avait pas vraiment vu Eloin dans les couloirs de l'abbaye. Et pour cause : quand elle n'était pas au chevet des plantations du jardin, elle cousait dans sa cellule.
Et c'est le bras chargé d'un vêtement tout juste terminé qu'elle entra dans l'abbatiale.
Elle se posa sur un banc au fond de l'édifice, assista à la messe, et, sitôt celle-ci achevée, se leva et se dirigea vers le père Neocor.

Bonjour, mon père ! Pardonnez-moi, mais j'ai remarqué l'état de votre bure et je me suis permise de coudre ceci pour vous.

Ce faisant, elle déplia le vêtement devant le vieux moine.

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Elle espérait qu'il ne prendrait point ombrage de ce qui n'était qu'un cadeau...

Assistant à une messe pour la première fois depuis des mois, DarkDragonLord observait tous les faits et gestes de Frère Néocor, beaucoup de choses se bousculaient dans son esprit.

"J'ai toujours travaillé dur, je suis capable d'apprendre, et j'ai beaucoup d'amis à Arras qui vont m'aider, mais le plus important, j'ai la foi que je peux réussir ce grand défi."

Après avoir récité le credo, partagé le pain et le vin, DarkDragonLord s'approcha de Frère Néocor.

Ce fût une très belle messe, c'est comme si un poids venait de quitter mon corps. Cela me manquait terriblement.

Je vous remercie grandement de cette invitation parmi vous.

Eloin eut un sourire en voyant l'embarras du père Neocor. Elle s'y attendait, connaissant le caractère humble et conservateur du vieil homme qui n'aurait jamais osé demander de luy-mesme un tel habit.

Ne me remerciez point, mon père, ce fut un plaisir de coudre un habit qui vous servira longtemps, je pense...

Aperçevant dans un coin de l'abbatiale son cousin Philippe Orier, elle luy adressa un léger signe de teste et un sourire en guise de salut. Elle était heureuse de le voir en bonne santé, et cette vue luy suffisait. Elle n'irait point le voir sauf s'il en émettait le désir, elle ne tenait pas à déranger une pieuse retraite.