Une pause dans les études.

France et Titca avaient décidée de prendre un moment dans les études de la pastorale pour visiter le domaine de l'abbaye et celui-ci était grand ! D'ailleurs la maître des Novices en avaient jamais fait le tour complet. A chaque nouvelles visites, elle découvrait un endroit inconnu... Souriante, aux côtés de son amie, elle avait choisi de lui faire voir les champs de houblon et la vigne ! Surtout la vigne d'ailleurs... Ce baladant tranquillement, Tit commenta parfois, mais assez rarement.

France... Que penses-tu faire maintenant ? Reprendre tes voyages ?

Sachant très bien que la demoiselle aimait voyager tout comme elle, elle se demandait si maintenant que son fiancé était malheureusement mort, elle allait repartir sur les routes ou non....

Après tout... tu es du genre à être libre.... non ?

Elles avançaient côte à côte, profitant de l'air pur et chaleureux du domaine. L'astre solaire dominait nettement dans les cieux et renvoyait douce lumière.
Elles marchaient, empruntant les petits sentiers les menant au beau milieu des vignobles parfaitement balisés et remarquablement entretenus. Garrigues, arbustes feuillus, lavandes, genêts et vignes agrémentaient les sentiers de cette balade.

Franceska écoutait les quelques remarques effectuées par son amie, mais appréciait tout autant les quelques instants de silences auxquels elles assistaient.

Puis vint une question, suivit d'une autre, venant ainsi briser le silence qui s'était installé.
Que pensait-elle faire à présent ? Rester là à se lamenter sur son sort, s'enfermer dans la solitude et le chagrin, pleurant sans cesse la perte de l'être aimé ou au contraire, allait-elle repartir sur les chemins et tâcher de se changer les idées ? Plus rien ne la retenait désormais... Elle était libre et à dire vrai elle l'avait toujours était.
Poursuivant la promenade, elle prit le temps de répondre à Titca.

Et bien tu me connais assez je pense pour savoir que je ne saurais rester là sans rien faire à me plaindre de mon sort. J'ai il y a quelques jours reçu invitation d'un très proche ami, Ambassadeur d'Orléans pour la Bourgogne. Il me propose de l'accompagner afin d'assister aux épousailles du Duc d'Orléans et du Grand Veneur de France. Je pense que je vais accepter. Cela me changera très certainement les idées. Passer un peu de bon temps me procurera sans doute le plus grand bien.
Nombreuses seront les festivités qui seront données à l'occasion du mariage ducal : initiation à la fauconnerie avec la venue du Grand Fauconnier de France, les joutes, le banquet suivi du bal...

Qu'en penses-tu ? Si tu avais été à ma place aurais-tu accepter ?
J'hésite encore un peu à dire vrai...

Délicatement, la rousse cueillit un genêt qui avait poussé là et le porta à son nez pour en humer l'odeur suave qui en émanait avant de tourner la tête vers Titca et de lui adresser un sourire léger.

Qu'aurait-elle fait ? ! Tit était tellement différente de France, certes toutes deux aimaient les voyages, la liberté des routes et la découverte de chaque lieu... Mais sinon elles étaient différentes, Tit n'aurait jamais supporter aussi bien le choque, elle aurait paniqué, hurler, pleurer... Et se serait surement retrouvée au final prêt d'un (e) ami (e) à faire la morte et chercher à remonter, ou elle se serait enfermée à Noirlac seule. Bref elle n'aurait pas réussi à s'accorocher à la vie avec autant de courage c'était certain.

Euh... Ben à ta place je pense que je n'aurais pas... appréciée assistée à un mariage... J'y serais peut-être allée, mais pas savourer l'ambiance. Je pense que j'aurais prit mon sac, mes enfants et je serais partie en balade dans les Royaumes, revoir des amis... Chercher quelques choses... Avoir un but ... Ou alors je me serais enfermée ici sans manger, ni boire et attendu un miracle.

La regardant, elle haussa les épaules... Étrangement avant Jacou, elle était une petite boule de nerfs capable d'affronter la vie et se battre seule, depuis Tit avait l'habitude de trouver une épaule le soir pour verser ses larmes ou hurler sa colère... La vie sans lui ne lui semblait pas possible... Elle n'aurait plus qu'une moitié de son coeur, impossible de vivre pleinement donc.

Franceska regardait Titca, écoutant ce qu'elle aurait sans doute entreprit de faire dans son cas. Il était vrai qu'après ce qu'elle venait de vivre encore une fois il aurait certainement été de rigueur qu'elle se tienne bien sagement retranchée chez elle ou ici même.
Assister à des noces ! mais oui quelle idée alors même que les siennes ne se produiraient jamais avec celui qu'elle avait tant aimé.
Mais elle appréciait aussi la bonne compagnie de son ami Keridil qui avait ce don de lui redonner le sourire même lorsqu'elle était des plus tristes.

Tu m'diras, j'peux toujours me rendre en orléanais sans pour autant assister aux épousailles... le voyage me changera les idées, enfin... j'espère...

Frances n'y croyait pas vraiment mais qui ne tente rien n'a rien avait-elle coûtume de dire.

Et puis je dois descendre jusque Polignac aussi... j'ai à aller chercher mon frère. Je verrai bien mais j'ai des projets qui je pense pourrons m'aider à passer le temps et à m'éviter de me morfondre sans arrêt.

La rousse regardait toujours Titca qui avançait le ventre légèrement rebondit.

Ca va ? Tu n'es pas trop fatiguée ? Si tu veux nous pouvons rentrer ? Le jour est déjà bien avancé et je devrai peut-être songer à me replonger dans ma Pastorale...

Laissant tomber à terre le genêt qu'elle tenait en ses mains, la rousse attrapa délicatement le bras de son amie et toute deux effectuèrent encore quelques pas. La marche, il paraît que c'était bon pour les femmes enceinte...