Pouahh ça puire ici !

"Foutre-chier didiou de mes deux !"

Ainsi s'exclama un roquet qui venait de souiller ses chausses toute neuves -'fin, à peu près, elles avaient déjà des kilomètres au compteur- , un beau matin de mai, dans un amas conséquent de matières fécales, probablement d'origine équine, lâchement camouflé derrière un dénivelé. Cette fois-ci, sa truffe lui avait fait faux-bond. L'infortuné se signa à plusieurs reprises en se rendant compte du juron qu'il venait de proférer. "Encore la faute à un sang bleu ça tiens ! 'Pourraient pas ramasser la merdasse de leurs foutus canassons et se la mettre dans leurs chausses à eux ?" Tout en continuant à pester contre le possesseur du "noble" animal s'ayant soulagé sur le chemin, il se racla les pompes sur une souche d'arbre, s'aidant de son bâton pour garder l'équilibre. Se faisant, il aperçu enfin l'objectif qu'il poursuivait depuis l'Artois: L'abbaye de Noirlac. Une fois à peu près décrotté, le toutou-qui-n'en-n'est-pas-vraiment-un se remit en route, scrutant soigneusement le chemin. Malheureusement pour lui et pour celui ou celle qui allait l'accueillir, une odeur nauséabonde avait décidé de lui coller aux basques.

"Je te prie de me pardonner Seigneur pour cet infâme juron, ce n'était pas moi qui parlait. Léviathan était sûrement tapis sous cette énorme bouse, attentant qu'un pauvre hère marche dessus pour l'imprégner de toute sa colère." Expliqua Marcus en regardant vers ciel et en joignant les mains. Manquerait plus que le Prince-démon de la colère aie préparé un autre piège du genre...

Plusieurs minutes plus tard, le blond échevelé arriva devant la porte massive de l'édifice religieux. Il frappa par trois fois la porte avec son bâton afin de signaler sa rustre présence. Après tout, pourquoi utiliser la clochette quand on possède un long manche ? Il renifla un grand coup, pour voir s'il cocottait toujours autant. Bon, ça s'était un peu estompé mais il puait toujours un peu quand même. Il espérait que les cisterciens n'avaient pas un odorat trop sensible.

Un léger bruit sur la porte vint réveiller le frère Bardieu. Le recteur ne remarqua personne a première vue, mais alla vérifier près de la porte qu'il n'y avait personne en souffrance. Les visiteurs utilisaient souvent la clochette, mais certains, le Tout Puissant seul sais pourquoi, certains n'arrivaient pas à voir le pourtant gros dispositif.

Souffrance était le mot juste puisque Bardieu se bloqua le dos en contournant le cloitre menant à la porte. Un moment de patience plus tard, c'est à plat ventre que le recteur cistercien ouvrit la porte de l'abbaye.

Il tomba nez à nez avec une paire de chausses sentant une odeur nauséabonde. Il leva la tête vers le visiteur blond, dont les traits du visage n'étaient pas suffisamment marqués pour l'identifier avec précision. Peut être un normand ?

Le dos du recteur se débloqua d'un coup et il se releva, saluant son invité.

Bonjour, mon frère, bienvenue à Noirlac. Je me présente, je suis le frère Bardieu. Que puis je faire pour vous êtes utile ?

En attendant que quelqu'un lui ouvre, le visiteur observait avec émerveillement la fameuse cloche de l'entrée, se demandant par quel procédé ces choses étaient fabriquées. Alors qu'il était sur le point d'utiliser l'objet de toute son attention, la porte s'ouvrit. Quelle ne fut pas sa surprise en voyant... rien. Ah si ! Un homme d'un certain age était à ses pieds, visiblement agacé par les relents de ces derniers. Quelle étrange manière d'accueillir un invité se disait le Roquet. Il lâcha un "Euh..." et son air intrigué se transforma en air stupéfait. Son cabot de père ne lui avait jamais parlé de cette coutume. Il ne savait trop comment réagir face à cette situation on ne peut plus inhabituelle. Dans un élan de génie, l'artéchien tendit une de ses pattes pour aider le frère à se remettre sur ses guibolles mais il s'était déjà relevé et était en train de se présenter.

...'Jour Frère Bardieu. Je m'appelle Marcus. J'ai piétonné depuis l'Artois jusqu'ici car je souhaite fortement rejoindre votre ordre. J'espère de tout coeur que vous m'en jugerez digne ! Mais... l'ennui, c'est malgré le fait que je fusse baptisé en l'église de Bertincourt étant nouveau-né, je n'apparais dans aucun registre à ma connaissance. Il faut dire que l'époque dans laquelle nous vivons est trouble... Donc il me faudra suivre une pastorale et avoir un nouveau baptême je suppose ?

Retraitant Nombre de messages : 70 Date d'inscription : 25/07/2009

Lyes arriva derrière son parrain et lui donna un tape dans le dos, le Recteur de l'abbaye semblait endormit ? Haussant les épaules le jeune de Divonne en avait l'habitude et préférait en sourire plutôt que d'en pleurer. Souriant, l'ange blond regarda l'homme sous son nez et pencha la tête sur le coté.

Bonsoir frère Marcus, moi c'est Lyes...

L'adolescent le regarda ne sachant pas vraiment ce qu'il devait dire, habituellement il n'ouvrait jamais les portes, au contraire il prenait soin de faire des conneries et chambouler la petite vie calme de Noirlac.

Pour rejoindre l'ordre, vous devez vous rendre dans la Crypte des Novices, auprès de la Soeur Typhanie dicte Titca et euh... après j'avoue ne pas savoir. Mais dites lui que le Recteur et que Lyes vous envoie auprès d'elle. C'est ... son devoir de vous recevoir.

Fichtre ! Le Roquet ne pensait pas être si ennuyant. Voilà qu'il avait hypnotisé le frère Bardieu. Il avait déjà réussi à hypnotiser quelqu'un en levant et fronçant les sourcils -enfin, la zone où ils sont sensés se trouver- très rapidement pendant plusieurs minutes. Mais ses arcades sourcilières étaient restées parfaitement immobiles devant le recteur. Peut-être était-ce l'odeur alors... Décidément, les démons s'acharnaient contre lui. Ils ne voulaient pas qu'il rejoigne l'ordre. Peut-être un signe... Marcus allait assurément faire de grandes choses. Peut-être allait-il devenir le nouveau le nouveau messie ? L'avenir nous le dira. En attendant, un autre bonhomme, bien plus jeune et donc sûrement plus énergique, vint à la rescousse.

'Jour frère Lyes !

Crypte des novices, Soeur Typhanie... J'oublierai pas ! Merci bien.

Il s'inclina devant ces messieurs, jeta un rapide coup d'oeil au plan placardé pour repérer cette crypte et il s'enfonça dans l'abbaye. Il finira bien par trouver le bon endroit, le Très-Haut guidera ses pas. Ou un archange. Ou un ange tout pourri au moins. Un truc sacré quoi. 'Fin, au pire il pourra demander son chemin mais pour un futur messie ça la fout grave mal.