L'abbaye de Noirlac... voilà un lieu que connaissait assez bien le jeune Peccatore, pour y avoir passé de nombreuses semaines en 1458, lors de ses séminaires, lorsqu'il avait encore le temps de faire ce qui le passionnait réellement : étudier. Pourtant il connaissait assez peu les Cisterciens. En-dehors de son estimé professeur Frère Uriel et de son ancienne collègue dôloise Anna Perenna, et d'un ou deux autres visages, tous lui étaient inconnus. Bizarrerie...
Sa présence ce jour de fin du mois de mai avait plusieurs objectifs. Après tout, il ne venait pas souvent en Berry, il lui fallait autant que faire se pouvait condenser ses rares séjours.
Tout d'abord, étant donné que deux Cisterciens, le frère Uriel et la mère Eloin, avaient fait le déplacement jusqu'à Rouen douze jours plus tôt pour assister à la fête de la Saint-Lescure, il ne pouvait décemment pas snober la Saint-Arnvald.
Qui plus est, cela lui fournissait un prétexte pertinent pour venir passer quelques jours dans l'abbaye et profiter des immenses ressources de la bibliothèque Saint-Ilinda, dont le Lescurien avait conservé un excellent souvenir depuis son séminaire.
Arrivé à l'abbaye, il vint trouver le Frère Portier.
Bonjour,
je suis le Frère Peccatore, Vice-Recteur de l'Ordre Lescurien et Curé de Lyon.
Je viens pour assister à la cérémonie de la Saint-Arnvald... entre autres...
La troisième raison officieuse de sa venue était son désir de discuter quelque peu, de tout et de rien, avec des Cisterciens. Il se désolait toujours du peu de dialogue entre les Ordres et désirait le développer, au moins informellement.