Arrivée du jeune Milandor

Cela faisait quelques jours qu'il avait entendu parler de cet endroit. Une diaconesse rencontrée par hasard en faisant partie lui en avait parlé dans une taverne. Un monastère cistercien. Cela semblait intéressant ! Il fallait aller voir ça de ses propres yeux. Toujours curieux des choses du monde temporel mais aussi de l'univers spirituel, le jeune garçon accomplit un pèlerinage vers l'abbaye St-Arnvald de Noirlac. Il ne savait pas vraiment ce qu'il allait y trouver mais l'aventure méritait d'être tentée.

Parti de Auch, il lui fallut un petit moment pour arriver là. Mais le garçon était courageux et volontaire. Après quelques jours de marche, il se retrouva devant la porte du lieu saint.

Il frappa à la porte, attendant qu'un moine vienne l'accueillir.

Bonjour, y a-t-il quelqu'un ?

L'abbé lui même attendait près de la porte. A vrai dire, il avait repéré un antique banc près de la porte et, sous prétexte d'assurer, en signe d'humilité, la basse tâche d'accueillir les invités, il passait une bonne partie de son temps à dormir. Le bois de la porte retentit soudain comme si quelqu'un voulait entrer. En voilà donc un impertinent ! Oser réveiller l'abbé pendant sa sainte sieste !
Néanmoins, alors qu'il allait ouvrir violemment la porte et dire ce qu'il pensait de cette façon de réveiller les gens, le cistercien regarda le banc et comprit rapidement que, s'il voulait être tranquille, ce n'était pas l'endroit adéquat. Il se promit de trouver un autre lieu de sieste. Pourquoi pas la cave à vin ?Après tout, sœur Eilinn n'y verrait peut être pas d'inconvénient.

Sur ces pensées, il ouvrit la porte et y vit un petit garçon seul.

Et bien, mon enfant, que fais tu ici ? Tu es perdu ? Où sont tes parents ? Je suis le frère Bardieu, soit le bienvenue ici.

Un vieil homme à la barbe blanche ouvrit la porte. A voir son visage, il semblait se réveiller. A voir sa robe de moine, il s'agissait d'un habitant du lieu. Beaucoup de monde semblait avoir peur de l'Eglise et des clercs. Mais Milandor, lui, était curieux. Il ne craignait pas la nouveauté et ne voulait pas juger avant de connaître. De toute façon, comment un porte-parole du Très Haut pourrait-il être animé de mauvaise intention ?

C'est donc sans crainte que le jeune garçon s'inclina et se présenta.

Bonjour, mon frère. Merci de votre accueil.

Je me nomme Milandor. Mes parents sont restés en Armagnac. Ils me laissent libre de mener ma vie et ils ne m'empêchent pas de faire des expériences personnelles. j'ai donc entamé un pèlerinage jusqu'ici pour découvrir ce qu'on y fait et voir si le Très Haut m'appelle à la vocation de clerc.

J'ai appris aussi que vous avez une bonne école, ici ! je suis curieux de tout et l'apprentissage ne me fait pas peur. Alors j'aimerais bien savoir ce que je peux apprendre en ces murs.

Bardieu était surprit. Le jeune garçon était, en apparence sur de lui. Mais qu'avez donc tous ces jeunes gens à être aussi sur de leur vocation aussi tôt ? Peut être que Bardieu se faisait vieux et séniles, finalement, avec le temps. Peut être n'appliquer il pas à lui même la devise "aux âmes bien nés, la valeur n'attends point le nombre des années".

Un apprentissage, ici ? Mais tu as l'air si jeune. D'un autre côté, personne n'a dit qu'il devait y avoir un âge minimum pour rencontrer Dieu et la foi, mais, il me parait clair qu'elle doit murir.
En attendant, entre, mon enfant, il est hors de question que je laisse quelqu'un de ton âge dehors plus longtemps. Bardieu n'arrivait même pas à utiliser l'expression "mon frère", tant Milandor lui paraissait jeune. Mais, si tu souhaites vraiment te former ici, sache que tu y es le bienvenue. L'école est bonne, le pain est bon, le lait de chèvre est excellent.

Allez viens, je vais te montrer . Il ne sera pas dit qu'un pèlerin soit mal accueillit ici lieu !
Voici ce bâtiment à droite à côté de abbatiale ? Et bien, c'est là, sœur Psy_barbie sera heureuse de te rencontrer.

Milandor sourit devant les hésitations du moine.

C'est vrai que je suis jeune, mais c'est un atout pour être un bon étudiant ; j'ai une bonne mémoire et je suis persévérant. Je suis heureux d'apprendre que l'école est bonne, ici.
Et puis, je suis là pour discerner ma vocation future, je ne suis sûr de rien, pour le moment.

Milandor entra à l'invitation du bon moine. Certes, un conseil spirituel sera le bienvenu.
Et puis un encas ne sera pas de refus.

Ah, enfin un moment d'hésitation ! Bardieu revenait maintenant sur un terrain plus connu, plus classique, celui de la fougue jeunesse essayant de comprendre si ce vague sentiment qui prends les tripes est une gastro foudroyante ou une foi infini et si cette envie de parcourir le monde est juste la bougeotte ou la vocation en action. Un sourire illumina le visage de Bardieu, car il était revenu dans la rationalité, enfin, pour lui.

Attends moi ici une petite minute. Bardieu sortit de son petit sac, qu'il avait laissé contre le banc et prit un morceau de pain, le dernier qu'il lui restait et l'offrit à Milandor. Prend et mange, c'est un bon morceau que soeur Ellya a terminé de cuire ce matin, dans notre grand four à pain. Bardieu sourit. Finalement, peut être faira t il un bon serviteur de Dieu ?

Dans ce cas, je vais te laisser, mon frère, découvrir un petit peu l'abbaye. Tu peux t'installer dans une cellule, aller au réfectoire et, de manière générale, faire ce qui te plait, mais, en restant correct avec les autres moines et en ne les importunant pas trop dans la tâche.

Milandor remercia et prit de bon coeur le pain que le père lui offrait. C'est vrai qu'il sentait bon. Cette Ellya devait être une bonne boulangère.

Merci mon père, vous êtes très généreux.

Tout en mangeant assis sur le banc, le garçon écouta les explications du père Bardieu et nota dans sa mémoire les indications qu'il lui donnait : se prendre une cellule, se rendre au réfectoire. Il se rendrait aussi à 'église abbatiale au moins pour la visiter, voire même pour s'y recueillir. Bref, il y avait une belle visite à faire dans cette immense abbaye.

Ensuite, Milandor posa encore quelques questions :

Et pour les cours, où cela se passe-t-il ?
Êtes-vous un des professeurs ?

Milandor mangea un morceau du pain que Bardieu lui avait donné. Voir un enfant manger à sa faim n'était pas forcément quelque chose de courant dans les royaumes et l'abbé savait que nourrir chaque enfant est un combat, surtout quand la guerre fait rage, comme en ce moment.

Allons, ne me remercie pas, sois juste généreux avec le prochain que tu rencontreras et, s'il est dans le besoin, alors agit comme j'ai agit aujourd'hui, et tu seras quelqu'un de bien. Les petites questions étaient faciles. Alors, les cours se déroulent dans une cellule du séminaire Saint Benoit. Je pourrais être votre professeur si vous le souhaitez ? Mais, attention, je suis du genre très lent à corriger.

Lent à corriger ! hihi.
Ben Milandor était jeune, il avait bien le temps pour apprendre, il essaierait de se montrer patient.
Vous accepterez d'être mon professeur ! eh bien ce sera avec un honneur.

Milandor fit un grand sourire au vieil homme qui se montrait si gentil avec lui.
Il se prit d'une grande affection pour le blanc barbu.

Le séminaire Saint-Benoît, sera l'un des premiers lieux que j'irai visiter dans l'abbaye alors.

Se permettant une innocente plaisanterie, il rajouta :

Et puis si vous êtes vraiment trop lent, je viendrai vous réveiller durant votre sieste.

Bardieu sourit en accompagnant le jeune séminariste, puisque telle était la suite de l'entrevue. Pour conclure, il se contenta de fermer la lourde porte de l'abbaye en verrouillant. On n'était jamais trop prudent...

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