Messe du 15 novembre 1457

Travaillant pour rattraper son retard dans son noviciat qu'elle n'avait que trop négligé, elle tentait de se concentrer.
Mais le temps magnifique ne l'y incitait pas. Elle rêvait plutôt de promenades bucoliques avec son tendre époux.

Elle soupira.
Passant une main sur son ventre qui restait désespérément plat, refusant encore d'abriter toute vie malgré plusieurs mois de mariage maintenant.

Angoissée à l'idée de ne jamais pouvoir lui donner d'enfant, elle rêvait d'angelos au visage de chérubins aux boucles blondes.

Nouveau soupir....

Elle secoua la tête, chassant ces idées noires. Tout viendrait en son temps.

Le son insistant d'une cloche la sortit de ses pensées. Quelqu'un devait se trouver à la porte... mais à bien y réfléchir, le son n'y ressemblait pas....
Qu'est-ce qu... la messe!!!! elle reprenait aujourd'hui!!!!

Se recoiffant rapidement, le temps de ranger ses affaires, elle se rua ensuite à l'abbatiale pour ne pas rater le début de l'office.

Mère Oisèle était sur le parvis, la messe n'avait donc point débuté.
Heureuse de voir que les offices seraient dorénavant célébrés, elle la salua d'une voie joyeuse.

"Bonjour Mère Oisèle, comment allez-vous? magnifique dimanche n'est-ce pas?"

Puis elle alla tranquillement s'installer à une place libre et attendit le début de l'office en silence, priant intérieurement le Très-haut pour qu'il réponde à ses souhaits.

Des pêchers oui dire qu'il n'en commettait point serait un pêcher, surtout que nombre le voyait plus souvent a boire ou a manger.
Mais c'est la facon de travailler, pour rencontrer ses ouailles en taverne il devait boire.
A la brasserie il goutait peut être un peu trop sa production.
Et aprés les sacrements il accompagnait souvent ses ouailles dans les banquets publique.
Bref il justifiait sa gourmandise, par sa vocation a être sociale et proche de ses ouailles. Alors humblement il prononca :

Je prie le Très Haut Tout Puissant pour qu’il nous pardonne les péchés que nous avons commis

Uriel acquiesça aux paroles de Monseigneur Neocor.
C'était un discours bien senti, par ailleurs Ou comment comparer la Haute Noblesse aux fromages.

Il en vint à penser au roquefort, avec des morceaux de moisissure ...
Enfin il s'avança et tourna les pages du Livre des Vertus ...

Citation :

Extrait de la Vita d'Aristote, Chapitre Treizième

Aristote avait été invité à une réception chez un riche marchand athénien exerçant également les fonctions d'archonte. Il s'appelait Polyphilos. C'était un homme riche et puissant, passionné par la philosophie. Il venait souvent écouter Aristote, aussi souvent que ses charges et son statut le lui permettaient. Sa maison était pleine à craquer, et les tables regorgeaient de victuailles.
Aristote tenait une coupe de vin qu'il venait de remplir au cratère. Il prit une feuille de vigne farcie quand Polyphilos s'approcha de lui.

Polyphilos : Aristote, cher maître. Comment trouvez-vous cette réception ?
Aristote : Je vous avoue que je préfère les plus petits comités, on ne s'entend pas, ici. Mais votre maison est splendide et le banquet est digne des plus grands rois.
Polyphilos : Merci pour ces compliments. Mais rien n'est trop beau pour mes amis et j'aime à les avoir tous autour de moi.
Aristote : Tous ces gens ici, sont donc vos amis ?
Polyphilos : Bien entendu. Nul n'entre ici qui ne soit mon ami.
Aristote : Je vois pourtant des gens de toutes extractions sociales et occupant diverses fonctions pour la Cité.
Polyphilos : Et alors ? Je ne suis pas hautain. Je laisse ça au nouveaux riches.
Aristote : Certes, c'est tout à votre honneur. Mais il ne peut s'agir d'amitié véritable. Un vrai ami est un égal car l'amitié doit être parfaitement réciproque et équitable. Si elle ne l'est pas, ce n'est plus de l'amitié mais de l'intéressement. Un roi ne peut rien attendre d'un mendiant, ce dernier est incapable de l'aider en cas de besoin, or l'entraide est la base de l'amitié. Donc il n'y a pas d'amitié possible entre personnes par trop inégales.

Le jeune fils de Polyphilos s'était approché.

Eumónos : Je le répète sans cesse à mon père. Ces gens ne sont pas ses amis et il doit prendre ses distances.
Aristote : Ce serait tomber dans l'excès inverse, jeune homme. L'amitié est le plus grand bien de l'homme. Elle noue les liens des communautés. Et les communautés forment à leur tour la Cité. L'amitié permet les relations sociale et l'Humain peut alors prendre part dans les affaires de la Cité. Et comme la vertu cardinale de l'homme est la participation à la cité, l'amitié est une chose essentielle.
Eumónos : Mais comment trouver un parfait égal ?
Aristote : Ce n'est pas nécessaire. Il faut surtout que l'intéressement ne soit pas trop prononcé dans le chef d'un des prétendus amis. Le juste milieu, celui de la vertu, c'est de savoir s'entourer d'amis véritables, de gens qui peuvent compter sur vous et sur qui vous pouvez compter.
Polyphilos et Eumónos hochèrent la tête pour marquer leur accord. Aristote s'éloigna de quelques pas avant de se retourner.
Aristote : Ces feuilles de vigne sont délicieuses, aussi délicieuses que le conseil d'un ami, vous ne trouvez pas ?

Classique, un texte sur l'amitié ...

Ainsi donc, tout cela aussi me semble rejoindre - en une certaine mesure - les paroles de notre Frère Neocor.
Ceux qui ont cotoyé ces gens, iceux-même qui ne sont point humbles ... oui ces gens se targuent bien souvent de posséder moult amis, bien placés.
Et ces amis sont tout prêts à leur planter un poignard dans le dos dès qu'il leur auront tourné.

Finalement, la plupart de ces nantis, de ces riches, sont bien à plaindre, car ils pourraient tout avoir, mais finalement, ils n'ont rien.
Car qu'est l'homme sans l'Amitié ?
Les gens simples, les gens humbles, n'ont rien d'autre à offrir et bien souvent c'est là leur plus beau cadeau.
Que représentent des terres, des titres, de l'argent face à ce présent inestimable ? ... je vous le demande ...

Mais rassurons-nous néanmoins, l'espoir nous est permis, car tous ne se ressemblent pas, comme l'a dit notre frère.
Certains ne demandent qu'à bonifier, d'autres, dont la croute est trop dure ... ne pourront jamais être atteints par la chaleur du Paradis du Très-Haut.

Il regarda alors Neocor, espérant ne pas l'avoir déçu en co-officiant cette messe ...

Uriel s'inclina et tenta de se remémorer les paroles du Père LoupFred.

Bien.
Chers amis, puisque nous faisons ce jour dans le non conventionnel, je vais vous livrer une version du Crédo que l"on m'a dit un jour.
N'y voyez nulle moquerie de ma part, ni insolence, ni blasphème :

Je crois au Très-Haut le Créateur tout puissant,
Qu’a créé la parole qui bouscule les silences infinis de la bêtise,
Avec ses syllabes poétiques et douces qui font s’amouracher les âmes les plus ingrates,
Qu’a aussi fabriqué les mots dégoulinant de fiel,
Pour que les plus aventureux et les plus curieux d’entre les hommes, et les femmes aussi,
Puissent s’essayer, parfois à la méchanceté, le plus ordinairement à la médiocrité et à la bassesse,
Et en revenir, la larme au groin et le sourire en coin.

Je crois en Aristote, son prophète,
Un sacré Grec, un adepte de la parlotte, qui donnait de belles leçons,
D’abord à ses géniteurs Nicomaque et Phaetis,
Puis à tous les passants qui passaient sans savoir par ses chemins,
Et qui reçurent pêle-mêle, sagesse et révélations sur les lois divines de l'Univers.

Je crois aussi en Christos, un autre bavard,
Né de Maria et de Giosep, un couple plutôt taiseux.
Il a voué sa courte vie à nous raconter le Soleil et la Lune,
Comment qu’il fallait faire pour se dorer la pilule grâce au premier,
et éviter les froides caresses, parfois bien tentantes, de l’autre.

Je crois en l'Action Divine;
En la Sainte Eglise Aristotélicienne Romaine, Une et Indivisible;
En la communion des Saints;
En la rémission des péchés
En la Vie Eternelle.

Que la fulgurance d'Aristote nous accompagne !
Que l'extase de Christos nous transcende!
Que le Très-Haut nous garde !

Amen

Neocor écoute avec attention ce Credo qui l'emplit de bonheur... Au fur et à mesure que Frère Uriel en décline les phrases, il les mémorise afin de le réciter à son tour...

Je crois au Très-Haut le Créateur tout puissant,
Qu’a créé la parole qui bouscule les silences infinis de la bêtise,
Avec ses syllabes poétiques et douces qui font s’amouracher les âmes les plus ingrates,
Qu’a aussi fabriqué les mots dégoulinant de fiel,
Pour que les plus aventureux et les plus curieux d’entre les hommes, et les femmes aussi,
Puissent s’essayer, parfois à la méchanceté, le plus ordinairement à la médiocrité et à la bassesse,
Et en revenir, la larme au groin et le sourire en coin.

Je crois en Aristote, son prophète,
Un sacré Grec, un adepte de la parlotte, qui donnait de belles leçons,
D’abord à ses géniteurs Nicomaque et Phaetis,
Puis à tous les passants qui passaient sans savoir par ses chemins,
Et qui reçurent pêle-mêle, sagesse et révélations sur les lois divines de l'Univers.

Je crois aussi en Christos, un autre bavard,
Né de Maria et de Giosep, un couple plutôt taiseux.
Il a voué sa courte vie à nous raconter le Soleil et la Lune,
Comment qu’il fallait faire pour se dorer la pilule grâce au premier,
et éviter les froides caresses, parfois bien tentantes, de l’autre.

Je crois en l'Action Divine;
En la Sainte Eglise Aristotélicienne Romaine, Une et Indivisible;
En la communion des Saints;
En la rémission des péchés
En la Vie Eternelle.

Que la fulgurance d'Aristote nous accompagne !
Que l'extase de Christos nous transcende!
Que le Très-Haut nous garde !

Amen