Arrivée matinale

Jean était arrivé avec la rosée du matin. Il avait voyagé toute la nuit, sans répit.

La nuit porte conseil, disait le dicton. Pourtant Jean avait passé la nuit à se poser des questions, à réfléchir. La discussion qu'il avait eu avec Monseigneur Bardieu, sur la place publique, l'avait plus que titillé. Elle l'avait chamboulé. Profondément.

Il avait effectivement été élevé dans la foi et l'amour du Très-Haut. Cependant, à l'écoute du Messire, Jean s'était rendu compte que sa foi avait besoin d'être nourrie par une connaissance plus importante et plus poussée du dogme.

Finalement, Jean ne savait pas ce qu'il faisait devant la porte de la conciergerie. Que venait-il y chercher ? Voulait-il rentrer dans les ordres ? Voulait-il devenir oblat ? Voulait-il juste passer dire bonjour ? voulait-il poser son baluchon ?

Il savait juste qu'il se devait de venir ici, qu'il voulait entrer.

Jean se rappelait les paroles d'un pélerin qu'il avait rencontré dans son enfance, paroles qui l'avaient fortement marqués, et dont il pensait fortement à l'instant présent : "Voyageur, le chemin c'est les traces de tes pas. Voyageur, il n'y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant".

Et c'est en pensant à ces mots, que Jean frappa à la porte de la conciergerie.

Comme tous les matins, le recteur de l'abbaye s'était levé matinalement pour célébrer les... matines.

Mais, face à l'âge avancé du recteur, l'heure des matines avait été décalé régulièrement vers la dixième heure du jour, alors que le soleil était haut.
Le recteur appréciait cette marque d'attention de la part de la grande prieuse.

Le lourd battant de la porte de l'abbaye raisonna. un oiseau, paniqué, s'envola. Ses autres congénères restèrent, ils étaient habitués, eux.

Voyant qu'il était le seul dans le cloître de l'abbaye à ce moment là, tout le monde étant en train de chanter les matines dans l'abbatial, le frère Bardieu se dirigea vers la porte pour ouvrir.

Quel fut sa surprise de rencontrer Jean Kermer.

Mon frère, vous ici ! Bienvenue à Noirlac, mais vite, dépêchons nous, je vais finir par être en retard aux matines.

L'étonnement de Jean fut entier, lorsque la porte s'ouvrit et que ce fut Messire Bardieu qui se tenait là, devant lui.

Maitre Bardieu !

Jean ne pu que s'incliner respectueusement devant cet homme.

Bonjour à vous, maitre.
Je vous laisse aller aux matines. J'attendrais patiemment.

Jean entra, et se posa sur le premier banc qu'il vit. Il commençait à avoir l'esprit un peu plus clair sur ce qu'il voulait, mais il préférait attendre un membre de l'ordre pour en discuter.

Bardieu, de toute manière n'était pas très pressé. Il continua donc la discussion. Il se dit qu'il rattraperait cette prière en organisant une messe le dimanche.

Alors, mon cher disciple, comment allez vous ?

Bardieu ne se posa pas la question longtemps. Comment Jean Kerner pouvait aller mal aux portes de l'abbaye la plus connu du monde... connu ?

Alors, nous disions, au programme d'aujourd'hui, que penseriez vous d'une petite visite de l'abbaye ?

Je vais pour le mieux Maitre, répondit Jean. J'ai commencé une pastorale, sous l'égide de mère Eloin, afin de me faire baptiser. Elle a lieu dans la basilique de Bordeaux.

Quant-à la visite, ma foi, c'est une bonne idée. elle me permettra de ma familiariser avec les lieux. Et chemin faisant, nous pourront commencer les leçons plus avant, Maitre.

Jean suivit alors Maitre Bardieu, dans un silence religieux, afin d'écouter l'enseignement.

Bardieu se demanda longuement ou amener le frère Kerner. Finalement, il opta pour la salle communautaire.

Mon frère, en avant donc, commençons par la salle communautaire.

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