La lèpre
[HRP]Cette maladie infectieuse due au bacille de Hansen (mycobactérie très voisine du bacille tuberculeux) caractérisé par sa lenteur d'évolution.
La transmission de la lèpre est interhumaine. L'homme malade constitue l'unique réservoir. [/HRP]
Il existe trois formes de lèpre.
Seuls les sujets porteurs de la forme "lépromateuse" sont contagieux car ils éliminent de nombreux bacilles dans leur sécrétion nasale et la salive (toux et expectoration, gouttelettes de salive).
Les mauvaises conditions d'hygiène, la promiscuité favorisent la dissémination de la maladie.
Les signes de la maladie
L'incubation, très longue, est silencieuse et dure de 2 à 8 ans.
La lèpre débute par une "lépride" indifférenciée : il s'agit de lésions cutanées, non spécifiques, sèches (anhidrose) bien limitées et planes. Elles peuvent être précédées de sensations de picotements. Au niveau des lésions de la peau, le patient présente une anesthésie cutanée : il ne sent ni la douleur ni la chaleur.
Traitées, les lésions cutanées de la lèpre indéterminée se réparent en moins de 2 ans; le malade est alors mis en observation sans traitement puis considéré comme définitivement guéri un an plus tard.
Non traitée, la lèpre indéterminée va évoluer différemment selon la résistance du sujet vers :
La lèpre "tuberculoïde" non contagieuse ;
La lèpre "lépromateuse" contagieuse.
La lèpre tuberculoïde non contagieuse
C'est la forme du sujet résistant avec allergie cutanée à la lépromine (réaction de Mitsuda positive).
Il n'y a pas de symptômes généraux.
Les "léprides cutanées maculo-anesthésiques" sont des taches sur la peau devenues insensibles. Les "léprides papulonodulaires" arrondies sont hypopigmentées et se voient surtout chez l'enfant.
Les atteintes nerveuses (névrites périphériques de type hypertrophique) dominent le pronostic.
Les nerfs les plus touchés sont le cubital au coude, le sciatique poplité externe, le facial, le radial, le médian...L'anesthésie et les paresthésies (fourmillements) sont les premiers symptômes. Les troubles moteurs sont plus tardifs : ce sont des déficits musculaires. Des troubles trophiques (maux perforants plantaires, altération du squelette, fonte musculaire, kératite - inflammation de la cornée - neuroparalytique) sont possibles.
Les lésions ont tendance à régresser spontanément.
Le traitement est très actif et le blanchiment peut être obtenu en 1 à 3 ans, réserve faite des séquelles neurologiques.
La lèpre lépromateuse contagieuse
C'est la forme du sujet fragile. La réaction de Mitsuda à la lépromine est négative. Les signes généraux sont importants.
Les lésions cutanées sont les "lépromes". Il s'agit de macules infiltrées et luisantes. Les lépromes papulo-nodulaires touchent le front, les arcades sourcillières, les oreilles, le menton, les membres etc...La cloison nasale peut s'effondrer.
Les atteintes neurologiques sont des névrites hypertrophiques et douloureuses.
L'atteinte des muqueuses est constante. La rhinite lépreuse est évocatrice avec jetage purulent et hémorragique.
Le cartilage et les os peuvent être atteints.
Les atteintes viscérales sont nombreuses mais asymptomatiques : ganglions, foie, appareil génital, kératite, iridocyclite.
L'évolution spontanée se fait par des poussées successives fébriles, douloureuses et extensives vers la mort en 10 à 20 ans.
Le traitement spécifique peut obtenir le blanchiment des lésions en 3 à 8 ans mais il doit être poursuivi toute la vie en raison des rechutes à l'arrêt du traitement.
Le diagnostic repose sur la réaction de Mitsuda à la lépromine, la biopsie cutanée ou nerveuse, la recherche du bacille de Hansen dans le mucus nasal et le suc dermique.
Traitement
Dès le IV° siècle, les Indiens connaissaient un médicament efficace contre la lèpre : l'huile de chaulmoogra, plante du Bengale, qui est encore employée de nos jours.
Les sulfones (de la famille des sulfamides) sont très actifs (DDS ou Disulone; ).
D'autres médicaments peuvent être utilisés :
Les sulfamides retard (sulfadoxine) ;
La rifampicine ;
La clofazimine...
Sous l'effet du traitement, le malade est blanchi : il peut reprendre une vie sociale normale à condition de continuer son traitement qui peut durer des années.