Jusquiame (Hyoscyamus niger) Une des espèces est la jusquiame noire. Plante des décombres, à feuilles visqueuses et à fleurs jaunâtres rayées de pourpre, très toxique. Genre : Hyoscyamus ; famille des solanacées.
Parties utilisées : racine, graines.
Une cérémonie de plusieurs jours doit accompagnée la récolte de la jusquiame. Un jeudi, alors que la Lune se trouve dans le Verseau ou les Poissons, l'herboriste doit prendre possession de la plante au moyen de gestes, de prières et de conjurations, puis la déchausser avec le pouce et l'annulaire. Mais il ne devra l'arracher qu'à l'aurore à l'aide d'un ossement animal.
La jusquiame fait partie de « l'Onguent des sorcières » - belladone, jusquiame, pavot, cigüe et datura, qui évoquent la sorcellerie européenne du Moyen âge.
Il paraîtrait que les sorcières utilisaient ces plantes pour fabriquer l’Onguent des Sorcières afin d’accéder à l’état de transe qui leur permettait, soi disant, de voyager entre différents mondes. L’onguent était enduit sur le manche du balai chevauché par les sorcières. Eh oui, autrefois, on croyait qu’elles volaient grâce à la belladone.
Cet onguent plongeait les sorcières dans un état second, créant toute sorte de fantasmagories : vol sur un balai, présence au sabbat, transformation en loup ou chat, etc. Cependant les démons et loups-garous craignaient l'aconit comme la peste et contournaient de loin les maisons dans lesquelles on avait suspendu des bouquets de ses fleurs fraîches.
Aucune plante ne fut aussi indispensable dans un cérémonial magique et les onguents des sorcières. L'un des symptômes les plus curieux, et qui semble spécifique à la jusquiame, c'est la sensation d'être suspendu en l'air et de ne plus toucher le sol. Ce fait historique est relaté dans les procès de sorcellerie. Les sorcières l'employaient aussi pour provoquer des hallucinations. Elle est réputée depuis toujours comme pouvant engendrer la folie.
L'ingestion de jusquiame est fort dangereux, c'est pourquoi les sorciers et devins avertis ne consommaient pas la plante mais l'utilisaient en fumigations.
Aphrodisiaques, narcotiques. La jusquiame a la faculté de provoquer un oubli total chez la personne qui l'absorbe. "La jusquiame est froide, molle et sans forces ; et si quelqu'un en mangeait, elle répandrait en lui un poison mortel" avertissait Hildegarde de Bingen.
Les vapeurs de graines rôties étaient prescrites contre les maux de dents.
En décoction, la jusquiame était bonne contre les maux d'oreille.
On l'administrait avec du pavot somnifère et des plantes antiseptiques aux personnes subissant une opération.
Grâce à sa "froideur", elle soulageait les inflammations : "Lorsque, dans un membre, on ressent une douleur brûlante, il faut frotter ce membre avec de l'huile de jusquiame, et, sans autre médecine, celui-ci se refroidira", indiquait Hildegarde.
"Sa racine, étant mise sur les ulcères, les enlève et empêche qu'il ne vienne, dans l'endroit où étaient ces ulcères, aucune inflammation", expliquait Albert le Grand.
Il prescrivait également de la racine pilée contre la goutte.