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 [Livre]Une approche de la folie

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Eloin
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MessageSujet: [Livre]Une approche de la folie   [Livre]Une approche de la folie EmptySam 4 Juil - 14:55

Précisions HRP

La folie au Moyen-Âge

Le terme médiéval de folie désigne en effet le non-sens. Le terme d’insensé est donc mis en avant. Nos contemporains et les populations des siècles nous précédant ne considéraient pas les insensés comme anormaux mais comme des personnes dont la moralité a été entachée. On se rapporte alors à la conception de la folie comme une punition divine résultant de l’infraction à des codes moraux. On cherchera donc dans les pêchés indiqués dans le Livre des Vertus afin d’y identifier la cause du mal et demander la repentance. Cette notion n’est pas perçue de la même manière en Orient et en Occident, et par conséquent les remèdes apportés à la démence sont variés sans toutefois être totalement divergeant. Le fou a été mis à l’écart avant d’être, depuis le siècle dernier jusqu'à nos jour, réintégré dans la société, banalisant ce mal et rendant la guérison du malade de moindre importance.


Dernière édition par Eloin le Jeu 3 Fév - 14:14, édité 1 fois
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Eloin
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MessageSujet: Re: [Livre]Une approche de la folie   [Livre]Une approche de la folie EmptySam 4 Juil - 14:59

I. Les maladies mentales en Occident et en Orient


A. L’Orient en avance dans les traitements et la
considération des « fous »



La folie considérée comme mal à part entière


Le premier véritable hôpital oriental a été édifié autour de l’année 805, dans le royaume de Haroun-al-Raschid, le vizir de Baghdad. Par la suite, de nombreux hôpitaux ont vu le jour dans différentes parties du monde islamique, souvent spécialisés dans différentes maux comme les maladies mentales. En ce qui concerne le Maroc, Fez, au VIIème siècle, a construit une maison dévolue aux soins des maladies mentales. Dogue, massages, saignées, musicothérapie et ergothérapie comptaient parmi les soins apportés. La bonne santé mentale est un aspect considérable de la vie d’un musulman et l’Islam recommande, dès le début de son histoire, le respect envers les aliénés.


Des remèdes variés face à la folie

Leurs principes de base reposent sur l’intrication constante entre le physique et le psychique. Arbres, fleurs parfumées et plantes vertes associés au gargouillement et à la fraicheur de l’eau des fontaines, sont considérés comme curatifs et font partie intégrante de la thérapie des aliénés.

Selon Léon l’Africain (1465-1550) qui a été secrétaire de l’hôpital marocain de Sidi Frej (XIIIs.) situé au centre de Fez, l’hospice pour aliénés est constitué de chambres pour les aliénés qui étaient attachés avec des chaînes en fer. « Les murs des chambres semblent ferrés, mais sont faits avec des solide morceaux de bois très résistants…Les personnes chargées de les nourrir avaient des fouets pour les malades agités » Les aliénés dangereux sont enchaînés afin de les empêcher de nuire ou de se nuire. Ils reçoivent régulièrement de la nourriture et sont contrôlés par les médecins. Il y a également de la musique pour calmer les malades.

En effet, dans une salle attenante, se trouvent des chanteurs et des narrateurs. Dans certains bîmâristâns, des lecteurs sont payés pour lire le coran matin et soir. Les visites des parents et des amis sont sollicitées par les médecins et font partie intégrante de la thérapie.

Les aliénés sont répartis en fonction de la nature de leur pathologie. Dans les cours fermées se trouvent des fleurs, des plantes de basilic (voir si ça a des effets sur l’humeur)ainsi que des fontaines. Il semble que la musicothérapie soit particulièrement pratiquée dans ce bîmâristân. En effet, la musique a été très tôt recommandée comme thérapie pour la mélancolie par plusieurs médecins arabes. Ibn Butlan, médecin au XIème siècle, a écrit: “L’effet de la mélodie sur un esprit dérangé est semblable à celui des médicaments sur un corps malade”.

Selon les manuels de médecine, les drogues utilisées pour soigner les maladies mentales sont souvent d’origine végétale et comprennent essentiellement des purges, des sédatifs (en particulier l’opium), des digestifs et des émétiques (substances assimilées provoquant des vomissements et à terme le dégout). Ces drogues sont utilisées individuellement ou en association pour stimuler les apathiques, calmer les sujets agités et traiter la dépression nerveuse. D’autres traitements médicaux sont également pratiqués parmi lesquels les fomentations (des infusions ou des décoctions de plantes destinées à imbiber des compresses à appliquer et à maintenir sur des parties malades, ici sur la tête), les bains, les saignées, les massages à l’aide de différentes huiles, etc.


B. Le fou occidental, un paria parmi d’autres et figure oubliée

Il nous reste peu d’écrits de nos confrères de ces siècles passés. On souligne la méconnaissance du sujet par les médicastres. D’autre part, les diverses épidémies qui ont assailli l’Occident ces derniers siècles comme la peste ou la lèpre ont fixé des priorités sur les sciences à approfondir. L’étude de l’aliénation est donc restée minime et la compréhension de ce mal ainsi que les soins apportés sont souvent relégués à la superstition et à l’exploitation par la religion qui la considère comme une diablerie.


Le fou dans la société occidentale : Un statut divergeant selon les sciences qui l’observent

On perçoit des correspondances et dissonances entre discours médical, juridique, théologique. Dans ces discours l'alienatio mentis est tour à tour désigné parl’ « incapable », l’ « insensé » ou le fol.

En étudiant les textes juridiques, on notera que le fou est fondamentalement un « incapable qu'il s'agit de remplacer et de représenter ». On lui impose donc un tuteur : « tout homme, pourvu qu’il ne soit pas lui-même frappé d’incapacité et en particulier de démence, peut exercer son pouvoir sur le possédé, qu’est le furiosus ». Une distinction s’impose en effet au xiiie siècle, entre le fous natureus, tout entier livré à sa folie, et le forsené, fou par accident et guérissable. Ce dernier est d’ailleurs considéré comme beaucoup plus dangereux que le premier, parce que plus instable, plus imprévisible, caractérisé par de brefs intervalles de lucidité. En somme, le fou est avant tout défini par son incapacité. Il est de ce fait bien souvent rapproché de l’enfant. Les juristes les classent dans trois catédories : forsené, hors del sens, ou dervé.

Selon la médecine, la folie s'explique d'abord par un « excès-pléthore d'humeurs froides » (chez le mélancolique) ou « chaudes » (chez le frénétique-colérique). Elle ne distingue donc pas une variété de « folie » mais classifie les manifestations de ce mal en deux catégories seulement. Des termes sont tout de même énoncés : frenesis, lethargia, mania ou encore melancolia. La médecine ne préconise ainsi nul échange dialogué entre médecin et patient: il ne convient pas de répondre au frénétique; le médecin condamne le fou au soliloque. La thérapie sera alors purement somatique, c'est-à-dire qu’on agit plus sur le corps que sur le psychique, l’âme. L’âme est l’objet de l’attention du Clergé.

Le discours théologique ne considère la folie que dans son rapport avec la sagesse et pose sur l’être aliéné un regard lourd de méfiance. Le fou est alors souvent placé entre les mains des exorcistes. La plupart des cas et des soins apportés relèvent malheureusement souvent plus de l’obscurantisme et de la superstition. Le discours théologique se déploie, lui, sur le mode négatif : insania, insipientia, desipientia, amentia, dementia.

Ainsi, on oppose donc ici la folie comme discours du corps (médecine) et discours de l’âme (théologie) de l’être touché, tandis que le juridique réduit l’être à l’état d’objet.


Le fou entre persécution et mise à l’écart

On remarque deux phénomènes de marginalisation notables avec la création de la fête des fous au XIVème siècle, ainsi que la création de la Nef des fous dans la région du Rhin. La Nef des fous ou Narrtürmer, est un étrange vaisseau acheminant uniquement des insensés. Ces navires de pèlerinage, des navires hautement symboliques d’insensés en quête de leur raison descendent le long du Rhin. La folie est intimement liée au manque de Foi. « L’insensé (insipiens) a dit à son cœur : pas de Aristote ».

Mais ce traitement reste minime : si les villages prennent plus volontiers en charge les simplets parmi leurs propres habitants, ils rejettent les étrangers aliénés. A Nuremberg, on entasse les aliénés et les simples dans des prisons, les nourrissants aux frais de la ville mais sans aucun soin apporté.

En notre siècle du XVème, l’exclusion de ces fous se fait de plus en plus sentir, les politiques urbaines voulant mettre à l’écart les figures qui pourraient déranger l’image de « civilité » de leur ville, concept fortement mis en avant dans le développement citadin.


Aux XII-XIIIèmes siècles, un triple processus de diabolisation, de moralisation, de sanctification, se déroule. Si bien que :


– être fou, c’est être sorcier
– être insensé, c’est avoir perdu le sens de Aristote
– être fou, c’est être faux prophète, mystique ou saint.


On note alors une mise sur la sellette des fous. Le recours aux saints guérisseurs et aux prêtres est nettement plus fréquent que l'appel aux médicastres. Les fous sont associés à un rapport particulier à Aristote (sorcier, incroyant, hérétique, ou mystique).

A noter, une dérive selon laquelle les hétérodoxe seraient eux-mêmes des fous car ne croyant pas en Aristote. Les Spinozistes sont particulièrement incriminés et ce message est souvent mis en avant dans les enluminures.

Ainsi le fou a subit le phénomène de la marginalisation et a été le fruit de lla méfiance et de la prépondérance des superstitions et croyances portées ou non par l’Aristolicisme, tout comme l’ont été les « sorcières » ou les hétérodoxes. La folie, vécue comme une malédiction, ou un mal organique a engendré différents traitements dans les esprits des médecins et théologiens qui se sont penchés sur le problème.
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Eloin
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MessageSujet: Re: [Livre]Une approche de la folie   [Livre]Une approche de la folie EmptySam 4 Juil - 15:07

II. Le traitement de l’aliénation

A. Les théories sur l’aliénation

Les théories médicales

L’école de Salerne a servi de relais, de courroie de transmission de la médecine hippocratique, entre monde musulman et monde occidental, dès le xième siècle. Quatre écrits font état de référence dans le domaine de la folie :

- les Casae et curae d’Hildegarde von Bingen (xiième siècle),
- le Compendium medicinae écrit vers 1240 par Gilbert l’Anglais (le livre traite des affections mentales, frénésie, manie, mélancolie, léthargie),
- le De proprietatibus rerum de Barthélémy l’Anglais, vers 1240 (le livre porte sur les « maladies du chef » et tente de vulgariser les écrits antérieurs),
- le Speculum medicinae du Catalan Arnaud de Villeneuve, véritable « synthèse de toute la théorie médicale de l’époque », écrite au début du xivème siècle.

La plupart de ces écrits reprend les théories concernant les humeurs et le pneuma (esprit) : « On s’interroge, en particulier, sur la nature des « esprits » qui sont les « instruments de l’âme » (Guillaume de Saint-Thierry) et qui, tels le pneuma antique dont la circulation assurait la crase, servent d’intermédiaires entre l’âme et le corps […] Pour toute maladie, le diagnostic doit donc prendre en compte les symptômes d’ordre psychique […]. Barthélémy l’Anglais indique que les « maladies de l’âme », en particulier la tristesse et la crainte, peuvent rendre fou (et plus précisément mélancolique). » NB :la crase signifie l’équilibre des humeurs.

D’autre part, la dissociation entre causes naturelles (psychologiques ou organiques) et causes surnaturelles(possession démoniaque) ne se fait que laborieusement. La folie est rattachée au démon, ou à une force extérieure indépendante de l’être humain, telle que l’influence néfaste d’un astre par exemple.

La vision théologique

La folie démontre le manque de foi et il faut donc lutter contre l’hérésie, réaffirmer les lois de l’Eglise comme le montre le « Malleus Malleficarum » ou « marteau des sorcières ». L’Inquisition est crée en 1199 par le pape Innocent III. Des tribunaux ecclésiastiques nommés pour juger les hérétiques, utilisent un manuel, le « Malleus », de Kramer et Spencer, qui désigne les coupables : les sorcières et les possédés : « Quand on ne peut trouver aucun remède à une maladie, c’est que cette maladie est causée par le diable ». Les femmes et donc les folles sont particulièrement visées par ces textes, car elles attisent les désirs. Elles ont le démon en elle.

B. Les traitements

Les traitements selon les écoles de pensée médicale

Deux écoles traitent différemment la folie :

[*]Celle de Salerne, en Italie, qui, bien que s’écartant des thérapeutiques religieuses et des superstitions, ne laisse pas de place à la psychologie. La maladie mentale reste considérée comme une maladie organique dans laquelle le cerveau est désigné comme principal responsable. On y découvre, par exemple, que certains abcès des ventricules cérébraux peuvent donner des psychoses que l’on soigne par des saignées et des régimes diététiques. Signalons brièvement que dans le discours médical, le fromage est nuisible au cerveau. De fait, il est classifié comme aliment mélancolique depuis l’Antiquité. Cependant tous les traités diététiques ne condamnent pas le fromage. Il serait donc intéressant d’observer l’effet du fromage sur des cas d’aliénation.

[*]Celle de Montpellier, qui ne s’affranchit guère du dogmatisme religieux, comme en témoigne le traitement suivant, prescrit par le Dr Villeneuve, pour la manie : « Perforer le crâne pour que la matière morbifique puisse passer à l’extérieur ». On pense ainsi évacuer les vapeurs nocives et les démons.

La tête du fou est rasée, soit tonsurée ou encore simplement hirsute. La tonsure était réellement pratiquée sur certains fous car c’était à la fois un moyen préventif (pour éviter qu’ils ne s’arrachent, ou ne mangent leurs cheveux) et à la fois un moyen thérapeutique (pour appliquer les huiles et onguents ou encore pour laisser la tête respirer à l’air libre).

Un traitement particulier par l’Eglise

Les processions et les demandes de repentances sont aussi mises en avant. L’exorcisme prend toute son importance pour permettre l’expiation des pêchés et remettre le fou sur le chemin de la raison et donc du salut divin. On retrouvait ainsi 35 saints spécialisés dans le traitement de la folie, et environ 70 qui guérissaient certaines affectations mentales parmi d’autres maladies. Ce qui représente plus d'une centaine de saints pouvant guérir les pèlerins de la folie.

Le Saint, médecin du corps et de l’âme, peut alors les guérir par des miracles en apparaissant dans leurs rêves. Les cierges situés autour du tombeau du saint guérisseur restent allumés toute la nuit, ce qui donne une ambiance mystérieuse propice aux visions. Les malades veillant dans l’église, souvent fatigués, ont de saintes apparitions ayant la pouvoir de guérir. Les principaux remèdes reposent sur le tombeau et ce qui l’entoure :



    • la poussière du tombeau

      Elle guérit toutes les maladies. Les fidèles récupèrent cette poussière en grattant les tombeaux. La poussière est mélangée à de l’eau ou du vin, puis bue.
      C’est le prêtre qui la distribue. Peut-être l’a-t-il mélangé avec des potions retrouvées dans des textes anciens ? Cette poussière est particulièrement réputée pour soigner les dysenteries, fréquentes à l’époque. Elle peut être emportée dans des petites boîtes.

    • le voile du tombeau

      Il a le pouvoir de guérir la douleur des lèvres quand on la touche avec la bouche. A son contact, on peut stopper une hémorragie. Frotter des yeux malades avec ce voile permet de retrouver la vue. Les franges peuvent être emportées comme reliques, et , parfois guérir, à leur contact, les maladies du corps.

    • les cierges

      Ils brûlent au tombeau et ont, eux aussi, un pouvoir de guérison grâce à l’huile et à la mèche brûlée.

    • l’autel

      C'est un lieu sacré et le contact de celui-ci avec de l’eau ou du vin donne à ses derniers un pouvoir de guérison.

    • la grille de bois de l’église

      Elle a elle aussi un pouvoir de guérison.



En ce qui concerne l’hébergement, les fous pouvaient, selon les circonstances, être logés dans un monastère, gratuitement ou moyennant le versement d'une pension. D’autre part, l'hospitalisation des fous se développe lentement, il est alors uniquement question d'accueil et d'assistance, et ce, seulement dans des établissements importants comme l'Hôtel-Dieu de Paris. Une première mention explicite d'une mesure visant à traiter les fous, se retrouve dans les registres de l'hôpital Saint-Esprit, fondé à Montpellier en 1178-1179.


Le fou et les sacrements

Le fou au XIIe et XIIIe siècle est considéré comme dénué de raison et donc n’a pas le droit aux sacrements, même le baptême. Cependant, Thomas d’Aquin (1228-1274) affirmera qu’en le fou réside un minimum de raison et que donc, il a le droit à ces sacrements au même titre qu’un enfant.
Les parrain et marraine du fou, comme ceux de l'enfant, remplacent donc le manque de jugement du baptisé. Il précise que la folie est l’objet d’un mauvais fonctionnement corporel. Dans un même ordre d’idées, Thomas d’Aquin estime également qu’un prêtre qui serait devenu fou demeure prêtre. On ne retire donc pas un sacrement qui a été administré pour cause le la folie du sujet.

Conclusion

Ainsi, la perception de la folie reste vague de part la dénomination variée et peu précise de ces manifestations. De même le traitement apporté à travers ces derniers siècles et selon qu’il soit donné en Orient ou ici-même en Occident sont divergeants par la manière dont ils abordent le mal : la première s’attache à soigner la folie en prenant en considération les interactions entre l’âme et le corps par la médecine, tandis que le traitement de l’un et de l’autre en Occident sont respectivement soignée et donc de manière séparée, par le Clergé et la Médecine.

La folie devient également une profession depuis ces deux derniers siècles (XIVè et XVè). Ce sont les bouffons, acteurs ou fous très légers qui simulent le masque de la folie pour distraire les grands, tant du côté de l’aristocratie que du côté de l’Église. Ils portent une tenue devenue symbolique: habit coloré et ajusté, chaperon à pointe, ils tiennent une marotte, bâton terminé par une tête qui se veut l’antithèse du sceptre royal. Or, la récupération de cette déficience entraine une banalisation et une mise à distance du problème, et constitue donc l'un des facteurs d'explication de l'exclusion croissante dont sont victimes les malades mentaux en notre siècle, banalisation à laquelle il s’agirait de remédier.


[HRP Biographie :]

http://traces.revues.org/index2933.html
http://www.didac.ehu.es/antropo/7/7-11/Gorini.pdf
http://marieevepoulin.spaces.live.com/blog/cns!CDBE9CC96D67C399!1669.entry?_c=BlogPart
http://www.serpsy.org/piste_recherche/violence(s)/nelly4.html
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MessageSujet: Re: [Livre]Une approche de la folie   [Livre]Une approche de la folie EmptySam 4 Juil - 15:24

Li fous se fait oïr en son ris

On disait au Moyen Age que chevaucher un ours guérissait de la folie (cette image ornait même certaines pièces de monnaie).

La Folie tient une place très importante dans le littérature médiévale. Il existe une telle polyvalence du mot fou au Moyen Age, qui embrasse un champ sémantique si vaste, qu'il devient presque impossible de dégager une image précise. Nous allons pourtant essayer de découvrir les différents termes qui désignaient celui dépourvu de sagesse, puisque la folie exclut la sapientia, qui est une vertu.


Les mots qui désignent la folie

Au Moyen Age, il faut distinguer les fous furieux que l'on enferme, des possédés que l'on exorcise aussi bien que des mélancoliques victimes d'humeurs.
Le fou peut-être inspiré, être l'objet d'illuminations et voir ainsi les choses avec justesse : c'est le constat d'une pathologie tout à fait particulière qui fait craindre le fou comme la peste (on isole les lépreux, le lèpre disparaissant ce sont les fous que l'on enferme) et qui fait que parfois on puisse lui accorder de l'importance. On peut tout aussi bien se méfier de lui et le mettre en avant car on n'oublie pas qu'il peut fournir une vision du monde qui échappe à la coutume : il détient la connaissance.
Mais la plupart du temps, le sort réservé aux fous n'est pas enviable, on le bat, on le chasse parfois, on le vend à des marchands peu scrupuleux. En résumé, la folie n'a sa place que dans la hiérarchie des vices, raison pour laquelle, elle tient le devant de la scène.

Le mot folie vient de fol, "enflure, bosse, grosseur", puis de folis, "soufflet, sac, ballon, outre remplie de vide". Mais on emploie, selon les circonstances, les mots suivants :

[*]dervé, forme picarde de desré, mot qui vient de derver "rendre, devenir fou"
[*]forsené, c'est-à-dire "le fou furieux". Il est souvent dangereux, incontrôlable, se livrant à toutes sortes de violences.
[*]Orgoil, du francique *urgôli, signifie "fierté, démesure"
l'hybris grecque désigne "celui qui dépasse les règles de la sociéte"
[*]Descuidier est le "comportement original de celui qui perd la tête"
[*]Desverie "folie plus ou moins violente"
[*]Forsené, enragié "folie médiévale"

Le fou de nature, le simple d'esprit, le sot, le niais, l'écervelé est nommé en ancien français le desré.

Dans son sens étymologique, le fou désigne "celui qui est aveugle à la sagesse de Dieu et qui est acharné à sa perte".

Le fou d'amour est celui qui abandonne la réalité en faveur de l'adoration obsédante de sa dame. Le fol amor est l'amour impudique et bassement sensuel.

Il existe aussi le fou professionnel ou fou de cour.

Dans le Jeu de la Feuillée d'Adam de la Halle, le fou est placé au centre de l'action, il se fait le porte-parole de l'auteur lorsqu'il entreprend de critiquer la société.

Esvertin , "avertin, folie", le mot désigne de nos jours la maladie des moutons.


Les caractéristiques du fou

Le fou est l'opposé direct du chevalier. Retiré ou exclu de la société, on le rencontre aisément dans la forêt. Dans la littérature, il est fréquent (c'est d'ailleurs un lieu commun) de s'apercevoir que le chevalier perdra la raison en s'égarant dans la forêt.


Les attributs du fou

Avant de rencontrer dans l'imagerie populaire le fou représenté de façon tout à fait codifiée : vêtement particulier aux couleurs établies, il apparaît aussi échevelé que tondu.

Le fromage est l'attribut du fou par excellence. Le fourmage est l'aliment qui dans les livres d'hygiène alimentaire apparaît comme nuisible au cerveau.

Autre attribut, la massue qui l'est aussi pour les paysans et les géants.


Les fêtes des fous

Ce divertissement, qui peut nous sembler aujourd'hui grossier et répugnant, n'est pas aussi vain qu'il y paraît, si on se penche sur
l'étymologie du mot folie, venant de fol, « enflure, bosse, grosseur », puis de folis, « soufflet, sac, outre rempli de vide » comme nous l'avons dit plus haut. Ainsi, faire le fou en temps de Carnaval, c'est montrer à tous, le vide que l'on a dans la tête, c'est-à-dire la déraison, mais aussi exhaler par tous les orifices l'air qui nous emplit !

De plus, une croyance populaire donnait un sens sacré aux flatulences :

« Car le diable croyait sans faille que l'âme par le cul s'en aille. »
(Rutebeuf)


http://www.citadelle.org/magazine-11-122-La-Folie-au-Moyen-Age.cfm
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