Première demande d'une jeune oblate

Retraitant Nombre de messages : 10 Date d'inscription : 17/01/2010

La cérémonie s'était terminée et la jeune fille, sa fille, était maintenant devenue oblate de l'ordre cistercien. Le vicomte connaissait quelque peu cet ordre, installé peu loin de l'Orléanais et au sein de l'abbaye duquel il avait déjà officié il y avait déjà quelques temps en faveur d'une religieuse locale pour assister son confrère Berry. En revanche la hiérarchie religieuse lui était bien inconnu et au mot oblat qui avait prononcé, il avait acquiescé gentiment sans trop comprendre. Il avait juste saisi que ce n'était pas encore une entrée définitive dans la vie religieuse mais quand même bien une étape importante vers celle-ci. C'est pour cela aussi que le vicomte s'était déplacé pour sa fille et qu'il avait accepté sans trop s'inquiéter.
À la fin de la cérémonie quand tout le monde s'était égaillé en tous sens comme un troupeau sans berger, à droite et à gauche pour discuter ou retrouver quelques amis, le baron de Boiscommun était resté patiemment dans la nef, et s'était même avancé vers le chœur, en attendant que sa fille finisse de papoter avec ses amis et autres participants de la cérémonie. Il avait en effet bien l'intention de l'embarquer quelque peu pour ne l'avoir qu'à lui un certain temps comme un père avec son unique fille et lui avait signalé par signe qu'il l'attendait. En plus elle lui avait dit un peu avant vouloir lui parler.

Une fois qu'elle l'eut rejoint, ils déambulèrent dans les couloirs et cloîtres de l'abbaye, évoquant entre autre la cérémonie qui venait de s'achever, jusqu'à arriver dans les jardins du domaine abbatial. Ceux-ci étaient assez étendus, moins agréables que ceux de Boiscommun pour la promenade et le repos au goût de l'orléanais mais certainement plus fonctionnels. En faisant la comparaison, il ne put s'empêcher de se souvenir en souriant de la visite du petit Divonne dans ses propres jardins de Boiscommun et de toute la distraction qu'il lui avait procuré en osant prétendre à sa fille, qui se trouvait maintenant bien tranquille à ses côtés et bien loin, l'espérait-il, des vues de ce jeune homme. Mais le coin était quand même fort agréable dans ce coin de Berry, plutôt frais au milieu des chaleurs finissantes de l'été, peut-être plus que Boiscommun où l'on étouffait quelque peu si l'on ne s'enfonçait pas sous le sombre ombrage des futaies.
Voulait-elle lui parler de quelque chose en particulier? Elle en trouverait bien l'occasion au cours de la conversation entre le vicomte de Crocy et sa petite Mélani au milieu des milles-et-une choses à raconter sur ce qui s'est passé depuis leur dernière séparation.

Oblate Nombre de messages : 1215 Date d'inscription : 13/05/2010

Le beau-père et la jeune fille se firent ainsi part des dernières nouvelles de Languedoc, d'Orléanais, de Champagne dans les jardins de l'Abbaye. Bien entendu, Eilinn avait une idée en tête lorsqu'elle avait demandé ainsi un entretien avec le vicomte d'Avize.
La demande que la jeune fille avait en tête revêtait une importance presque extrême, tant cela lui tenait à coeur. Non, ce n'était pas un projet d'épousailles, ou la volonté de prendre le voile. Cela concernait sa grande passion pour la cuisine...
Quelques semaines auparavant, elle s'était ainsi faite engager en tant que gâte-sauce aux cuisines du Louvre, dissimulant soigneusement son identité. Elle décida de ne pas s'étendre sur les détails afférants à ses premiers jours aux Cuisines du Louvre, et comment elle avait été démasquée par le premier Maitre d'Hotel du Roy, préférant éviter la remontrance qui s'ensuivrait. Mais ce dernier s'était engagé à la garder aux cuisines si elle obtenait le sésame paternel.

J'aurai aimé que vous me donniez l'autorisation de suivre un apprentissage auprès du Premier Maitre d'Hotel du Roy, le duc du Lavardin. Je voudrais officier aux cuisines du Louvre, si cela vous sied ! Mais Llyr di Maggio requiere votre autorisation pour ma formation.

Le cœur battant, elle pria le Très Haut pour que son beau-père dise oui... Comment se représenter devant le Premier Maitre d'Hotel si son beau-père lui refusait cette demande ?

Retraitant Nombre de messages : 10 Date d'inscription : 17/01/2010

Au cours de la conversation, la jeune fille avait réussi à glisser sa petite question pour quérir l'autorisation du vicomte afin d'assouvir son péché mignon dans les meilleurs conditions. L'orléanais ne connaissait évidemment pas les aventures de la jeune oblate et ses péripéties parisiennes, ni même vraiment le goût immodéré de sa fille pour la cuisine ; il avait bien saisi au cours des conversations son intérêt pour la chose mais après tout, tout le monde aimait la bonne chère et c'était probablement dans le sang des femmes que d'aimer faire la cuisine. Le vicomte resta quand même un moment à réfléchir. D'où venait donc cette nouvelle lubie de sa fille? Elle pouvait bien faire de la cuisine à Noirlac sans devoir aller dans cette ville parfois infernale qu'était Paris, surtout au Louvre qui était le terrain des machinations de toute une cour et donc bien dangereux pour une jeune fille innocente, particulièrement si c'était la sienne. S'était-elle entichée de cette nouvelle activité au couvent? Mais après tout le Louvre n'était pas non plus une auberge crasseuse d'un bouge des faubourgs parisiens et le maître d'hôtel était également le roi d'armes et on pouvait espérer qu'il veille spécialement sur la jeune fille, surtout avec les reproches que celle-ci lui avait fait à propos de la mort de Leah et donc qu'elle ne soit pas abandonnée à elle-même comme un insignifiant marmiton du fin fond des cuisine.
Et puis après tout, la cuisine était une activité féminine, qu'une femme se devait de connaître pour être parfaite et faire un bon mariage qui soit heureux. Il était en effet dangereux que le mari se rende compte que son épouse n'était pas une vraie femme et cela pouvait risquer de détériorer les relations entre les époux et par conséquent les conditions de vie de l'épouse, évidemment soumise à son époux. Et la jeune Eilinn n'avait pas encore fait de vœux définitifs, aussi était-il du devoir de son père de la faire éduquer en potentielle future épouse qui, si elle n'aurait probablement pas à cuisiner elle-même, aurait au mois à diriger cette activité comme toute les tâches domestiques d'une maison.
Le vicomte d'Avize finit donc par hocher la tête.

Pourquoi pas.. mais d'où te viens cette idée? Sais-tu vraiment ce que c'est? Ou bien est-ce juste une envie qui t'es venue comme ça? Et pourquoi aller jusqu'au Louvres? N'as-tu pas à faire ici à Noirlac?

Oblate Nombre de messages : 1215 Date d'inscription : 13/05/2010

Apparemment la chose se présentait bien. Bien entendu son beau-père émit quelques réserves, et Eilinn réfléchit rapidement pour tenter de le rassurer, et le convaincre que c'était une meeeeeeeeeerveilleuse idée que d'être d'accord avec son projet.

Et bien, j'aime beaucoup œuvrer dans les cuisines à Noirlac, mais c'est une cuisine souvent très simple, dans le respect de la règle de Saint Benoit. Alors que les cuisines royales, c'est tout un savoir-faire que j'ignore, c'est une cuisine que...

Il fallait maintenant brosser un peu dans le sens du poil son tuteur, qui devait veiller à son futur mariage. L'assurer qu'elle serait une bonne épouse au moins dans le domaine culinaire ne pouvait que lui plaire.

Une cuisine que je serai plus amenée à organiser dans ma vie d'épouse. Les plats de fête, les repas copieux et seyant à des gens de noble extraction...
Je me suis déjà rendue au Louvre pour tout vous dire, voir à quoi ressemblaient les cuisines royales, et j'ai pu ainsi rencontrer le duc du Lavardin pour lui exposer mon projet. Il est d'accord, mais comme vous êtes mon tuteur, le dernier mot vous revient. Néanmoins, il voit d'un bon œil que je m'intéresse à l'Art Culinaire...

Présenter les choses sous leur jour le plus favorable... Eilinn espérait que cette technique fonctionnerait, et que ses réponses satisfaisaient la curiosité de son tuteur.

Retraitant Nombre de messages : 10 Date d'inscription : 17/01/2010

Le vicomte était apparemment dans un bon jour, le temps était agréable, il retrouvait sa fille qui avait été à l'honneur lors de la cérémonie qui venait de s'achever. Il ne pouvait donc que lui faire plaisir, surtout si cela n'allait pas à l'encontre de la moralité ou de la bonne éducation et des principes qu'il essayait de lui faire inculquer. La noblesse devait en effet plus tendre vers la somptuosité du Louvre que la simplicité abbatiale, sinon elle n'était guère noble. Et puis la jeune Eilinn lui faisait plaisir en semblant accepter la nécessité d'être bien éduquée selon des valeurs séculaires.

Bien, je donnerais mon autorisation au duc du Lavardin pour qu'il te prenne en charge. En revanche, tu m'avertiras quand tu seras là-bas et tu logeras auprès de moi.
Je suppose que tu n'y seras que par moment et que sinon tu resteras par ici à parfaire ton éducation et à continuer sur cette voie.

Le duc du Lavardin sera bien évidemment chargé de bien des recommandations pour tenir à l'œil la jeune fille et la maintenir dans le respect de son rang et de son éducation en même temps qu'il recevra l'autorisation d'employer la jeune Mélani. Et le vicomte conserverait un regard sur sa fille. Elle ne serait pas là uniquement pour s'amuser et batifoler comme une petite folle en se bâfrant de gâteaux.

Oblate Nombre de messages : 1215 Date d'inscription : 13/05/2010

Jour de fête ! Il était d'accord ! Bon, il n'y avait plus qu'à espérer que l'autorisation écrite serait tout ce qu'il y a de plus simple, sans recommandations vis à vis des fréquentations de la jeune fille, ou de surveillance de son régime alimentaire. Non pas que la jeune fille se révélait particulièrement gourmande, mais il était bien connu que pour cuisiner, il fallait gouter !
Heureuse d'avoir ce sésame qui comptait tant pour elle, elle se saisit des mains de son beau-père et l'embrassa sur la joue, avec naturel et fraicheur.

Merci ! Merci ! J'ai hâte ! Les cuisines du Louvre sont si grandes et si bien organisées, et les cuistots tellement talentueux !!

Elle tenta de tempérer son élan d'enthousiasme, pour ne pas ennuyer son beau-père avec ce genre de détails qui ne devaient pas l'intéresser.

Retraitant Nombre de messages : 10 Date d'inscription : 17/01/2010

Le vicomte sourit en voyant la joie de sa fille et se laissa faire. Après tout il aimait bien lui faire plaisir et ne cherchait pas toujours à lui donner une éducation stricte et sévère. Juste une éducation convenable... Il verrait bien en revenant à Paris à la hérauderie les indications qu'il allait donner au duc du Lavardin pour veiller sur sa fille. Ce serait quand même probablement plus sévère que ce qu'espérait la jeune fille, mais après tout, on fait rarement ce qu'on fait dans sa vie, surtout quand on est encore une jeune fille sous la tutelle du vicomte de Crocy.

Enfin tu n'y vas pas pour t'amuser non plus... Mais je suis ravi que cela te fasse plaisir et je suis bien fier de toi et de t'avoir comme fille.

Il l'aimait bien quand même sa petite Eilinn même s'il essayait d'être quelque peu sévère avec elle.

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