Un souper comme les autres

[RP ouvert à tous]

Un souper au réfectoire à la rencontre d’autres habitants de l’abbaye. Voilà ce qui lui avait proposé Aurore. Et à l’arrivée, le jeune homme lâcha son bras cherchant du regard une table pour s’y asseoir. Le jouvenceau va s’installer en bout de table sur un banc en chêne. Il attend que sa consœur en fasse autant. Ainsi donc vous voulez vous êtes novice. Comptez-vous prononcer vos vœux afin de devenir moniale ou avez-vous simplement le désir de devenir Oblat ma Soeur ?

Cette question piquait sa curiosité. Chacun avait sa foi en Dieu, mais leur choix revenait à se donner totalement à Dieu ou simplement une partie de soi et de son existence sur terre. Ambroise attendit que l’on apporte le repas du jour, ce qui était ce jour un ragoût de mouton que l’on peut déguster sur un tranchoir. Un vin de table des moines accompagnait la pitance.

Ambroise se servit deux bonnes louches sur son tranchoir, et glisse la louche vers Aurore pour qu’elle se serve à son tour. Il va ensuite chercher le broc de vin et sert la blonde avec un mince sourire. Les deux godets servit, le jouvenceau joint ses mains et reprit la parole. A vous de dire le bénédicité ma Sœur.

Le bénédicité … Pour Ambroise, c’est quelque chose qui lui tenait à cœur. Rien que de penser à la misère qu’il rencontrait dans sa ville, de tous ces pauvres qui errent dans la ville avec la faim qui les tenaillent. Cela le chagrinait. Alors que lui, a droit à manger à son faim et d’être repu, comme ce soir à l’abbaye, dans la maison de Dieu. Installé à cette table si bien parée, comme le disait sa consœur, est un cadeau du Très-Haut. Les mains jointes, il écoute humblement le bénédicité d’Aurore et répond à voix basse Amen. Se redressant, il pose ses azurs sur la blonde et la gratifia de ces paroles. Très joli bénédicité Sœur Aurore, merci de penser aux miséreux …

Sourire aux lèvres, il commence à déguster ce délicieux ragoût dont il salive d’envie, les yeux pétillants de gourmandise. Relevant la tête, il reprit la parole n’oubliant pas de répondre à sa question.

Vous avez beaucoup d’ambition ma sœur. Pour ma part, j’espère à une vie plus modeste. Si je peux servir l’abbaye qui m’a accueilli, cela sera déjà beaucoup pour moi. Et dans la voie religieuse, j’aspire simplement à devenir diacre. Je pourrai alors aider mes paroissiens, répondre la parole de Dieu et son amour, et j’espère pouvoir arriver pour certains à soigner leurs maux, car pour moi, ma sœur, chaque péché est une maladie. Et à chaque maladie, son remède.

Il prit une gorgée de vin et dépose son godet tout en reprenant une bouchée de ragoût. Après avoir mastiqué et avaler, le jouvenceau reprit Je ne souhaite pas prononcer mes vœux ma Sœur, enfin si, mais juste des vœux simples afin de devenir oblat cistercien. Je rêve de fonder un foyer plus tard et avoir une descendance, si Dieu le veut.

A ces paroles, il rosit tout en pensant à l'élue de son coeur. Et tout en discutant, Ambroise regarde de temps à autre son interlocutrice entre deux bouchées de ragoût.

Tout en partageant leur repas, Ambroise écoute sa voisine de tablée. Elle explique ses aspirations à faire son possible pour aider son prochain, tout comme lui d’ailleurs.

Oh non non, ce n’est pas un vice ma Soeur. Mais vouloir allez au plus loin de la hiérarchie de l’Eglise Aristotélicienne est une grande ambition pour moi, car votre parcours risque d’être semer d’embuche. Et les surmonter est tout à votre honneur et tout à fait louable. Et tant que ce désir de gravir les échelons est de permettre d’aider le plus grand nombres des enfants du Très-Haut, sans penser à son ascension personnelle, je ne vois aucun inconvénient, bien au contraire.

Il reprit une gorgée de vin avant de lui expliquer son aspiration à lui. Ce qu’elle disait sur le diaconat était juste. Bien qu’il y a avait quelque chose auquel, elle n’avait pas pensé.

Vous avez raison ma Sœur, l’amour pour mon prochain, l’amour pour notre Dieu, mais aussi l’amour pour ma bien-aimée sont autant d’amour que je souhaite donner. Et la voie vers laquelle je me dirige est différente de la vôtre, car je voudrais me destiner à la médecine, afin de pouvoir soigner les maux corporel aussi bien que spirituel.

Ambroise rosit car il était très dur de se révélé ainsi à une inconnue. La blonde enchaine sur le vin auquel, il ne connaissait pas grand-chose. Il se souvenait juste d’une anecdote de son enfance qu’il souhaite faire partager avec Sœur Aurore.

Je ne sais pas ma Sœur, je n’ai pas encore eu l’occasion de goûter au vin de messe. Et tout en baissant les yeux, il ajoute Je ne suis pas encore baptisé alors je n’y ai pas droit …

Il vide son tranchoir du délicieux ragoût. Et comme le lui avait appris Frère Mathieu, il laisse une place pour la faim. Une petite mortification qu’il se faisait pour ne pas céder au péché de gourmandise dont la tentation était si grande pour lui.

Je me souviens des vendanges oui. Il m’est arrivé d’aller chiper quelques grappillons de raisins pour les manger. Ce qui m’a valu quelques sermons des moines. Par contre, je ne saurais vous dire comment l'on produit le vin.

Il sourit à ce souvenir. Ce qu’il était jeune et insouciant … Même s’il était toujours jeune du haut de ses 16 printemps mais il s’était bien assagit.

Peu à peu la blonde se dévoilait à lui, tout comme lui se dévoilait à elle. Mais lorsque Sœur Aurore s’intéresse à sa douce et belle, le jouvenceau ne put réprimer des rougeurs sur ses pommettes juvéniles. Oui ma Sœur, enfin … elle m’a autorisé à la courtiser. Nous prenons notre temps.

Rien que de penser à elle, mit son cœur en émoi. Cette sensation à la fois de bien-être et de chaleur qui l'envahit, il s’y était habitué ses dernières semaines. Il lui suffisait de fermer les yeux pour voir son visage angélique, ses yeux émeraude pailletés d’or, sa longue chevelure blonde comme les blés et un sourire timide qui faisait fondre son cœur.

La novice lui fait part d’une excellente nouvelle, celle de son baptême. Ambroise se réjouit pour elle et ne manque pas de le lui dire. Ah oui ? Mais c’est merveilleux ma Sœur. Mais où va se dérouler la cérémonie ? Je dois aussi vous faire part, que je prépare le mien. J’attends la réponse du curé d’Autun pour voir si la date que j’ai choisie, lui convient. Après je pourrai envoyer les invitations. Et vous êtes également la bienvenue Sœur Aurore.

Souriant, le jouvenceau termine son vin et dépose le godet vide sur la table.

Un petit volatile vient troubler le repas entre les deux novices. Est-ce un oiseau de mauvaise augure, vas-t-en savoir ? Le jouvenceau laissa Sœur Aurore en compagnie de son pigeon mais surtout, la laissa prendre connaissance du parchemin. Il n’utilise pas d’oiseaux pour envoyer ses lettres mais préfère le messager qui lui semble plus sûr afin que la missive arrive à bon port. Une fois qu’elle eut terminé sa lecture, elle lui annonce la nouvelle de mère Eloin.

Oh mais toutes mes félicitations ma Sœur ! Vous savez chanter ? Me ferez-vous écouter ? et à mi-voix, il termine par M’apprendrez-vous ? dit-il le rouge aux joues.

Chantre mais aussi Intendante. Il se demandait en quoi consistait le travail d’intendante. Alors, il lui pose la question ? Et quel sera vos responsabilités en tant qu’intendante ?

Évidemment, Sœur Aurore lui renvoi la question. Qu’allait faire le jouvenceau à l’abbaye. Il en avait parlé dans sa cellule avec Mère Eloin et elle lui avait proposé quelque chose que le jouvenceau n’aurait jamais refusé. La Légat avait eu le bon instinct dans son choix. Alors, le Frère lui révèle sa charge.

A vrai dire, je n’ai eu aucun souhait à proposer à Mère Eloin. Elle m’a donc soumis l’idée de m’occuper des jardins du domaine. Je serai le frère Jardinier et cela me va très bien. J’adore mettre la main à la terre et m’occuper des plantes. Notre cuisinière aura les meilleurs légumes cultivés avec cœur pour nous offrir de bons petits plats.

Ambroise est enjoué de le lui annoncer et n’a qu’une hâte, attendre des jours plus secs afin de se rendre au jardin de simples et au potager afin de voir l’ampleur du travail qui l’attend. L’hiver approchant, il fallait vite récolter les derniers légumes avant les premières gelées.