Mon arrivée.

Il faisait froid, ça pour sur. Pourtant elle avait déjà fait le voyage jusqu'à l'abbaye, mais pour d'autres raisons.
Après un rapide retour chez elle pour régler certaines affaires, elle avait décidé de revenir, afin cette fois de parfaire son éducation religieuse. Un catéchisme et un baptême étaient la meilleure manière d'entrer dans la communauté Aristotélicienne, mais elle voulait aller plus loin. De plus, comme le père abbé de Montmirail l'avait nommée Diaconnesse, elle tenait à acquérir diverses connaissances qui lui seraient certainement utiles. Qui sait, peut être aurait-elle une messe à préparer à l'avenir, un baptême, ou tout autre sacrement de la vie des croyants?
Elle se saisit du locquet de la lourde porte en bois et tapa deux fois, elle savait que plus n'était pas nécessaire, le frère portier était loin d'être sourd. Puis elle attendit une réponse, qui, elle en était certaine, ne tarderait point. Les moines, dans leur esprit d'accueil et de charité, n'avaient point le coeur à laisser une âme seule à l'entrée du monastère sans venir la prendre sous leurs ailes et la guider dans le chemin d'Aristote...

Fondateur Nombre de messages : 4123 Date d'inscription : 24/05/2005

La porte s'ouvrit lentement. Un moine en sortie. Il s'adressa à la cousine de Monseigneur.

Ma sœur, c'est un plaisir de vous accueillir ici, en notre abbaye. En effet, le monastère va vous donner un aperçu de la vie ecclésiastique. Il vous permettra de choisir et de savoir si il s'agit de votre voix ou pas.

Je vous engage fortement à ouvrir une cellule et à regarder un peu notre abbaye. Voici un trousseau de clé pour voyager un peu partout dans l'abbaye.

https://cistercien.forumactif.com/abbaye-de-noirlac-f54/

Si ensuite le séminaire vous tente, n'hésitez pas, il est ouvert, mais il faut d'abord s'y inscrire.
https://cistercien.forumactif.com/seminaire-aristotelicien-saint-benoit-f67/consignes-et-inscriptions-liens-vers-les-cellules-t1131.htm
!

La porte s'ouvrit sans grincer, ce qui était somme toute un miracle pour une abbaye si ancienne. Les gonds avaient du être graissés depuis sa dernière visite...
Elle sourit au moine qui l'invita à entrer, reçu les clés qu'il lui donna, et, sur un dernier signe de tête, elle s'engagea dans le couloir qui menait à l'abbatiale. Une prière pour remercier le seigneur d'avoir protégé son chemin des brigands ne serait point de trop...

Un départ...

Une fois n'estait point coutume, elle devaict partir, quitter ce lieu de quiétude pour retrouver les siens et mettre son enfant au monde près d'eux. Heureuse et triste à la fois, l'oblate avaict sortie sa jument Noisette des écuries, l'avaict brossée et bichonnée, sachant fort bien que la route serait longue. Avec l'aide d'un frère, elle avaict ensuite scellé l'animal et chargé les sacoches de cuir de son maigre bagage, puys avaict une dernière fois faict le tour de l'abbaye afin que de vérifier que tout allait bien dans son domaine, l'intendance. Elle s'en serait voulu de laisser une tasche inachevée à ses frères et soeurs cisterciens !
Preste à monter sur Noisette et à quitter l'abbaye pour une période indéterminée, Eloin regardait les murailles de cette fière demeure édifiée à la gloire du Très Hault, songeant qu'en son petit fief de Chérancé, l'attendait une chapelle qu'il luy faudrait un jour consacrer si elle voulait y faire baptiser sa progéniture...

Sainct Arnvald, justicier et protecteur des pauvres, fais que ma route soit dénuée d'embuches, et que les moines vivent en paix durant mon absence.
Protèges-nous...

Surveillant l'éventuelle arrivée de retraitants, Ellya attendait près de l'entrée de l'Abbaye.
C'est alors qu'elle vit Eloin sur sa monture, prête à prendre le départ.

Triste de n'avoir pas pu faire plus amplement connaissance avec elle, la jeune sœur lui fit un signe de la main et priant, au fond de son cœur, que son voyage et sa mise au monde se passent le mieux possible.

Presque un mois...

Et pourtant elle avaict l'impression que cela faisait une éternité qu'elle n'avaict point remis les pieds dans les pièces de l'Abbaye. Elle aurait du revenir plus tost, certes, mais il s'estait passé des évènements qui avaict demandé sa présence, autant en Maine qu'en Lesparra.
Lesparra... Jamais elle n'oublierait les dernières paroles de la duquessa à son égard, jamais elle n'oublierait cet éclat au fond des prunelles ducales, ces remerciements qu'elle n'avaict point formulés mais qu'elle, la dame de parage fidèle depuys plusieurs années, avaict compris sans que les mots ne soient dicts à haulte voix. Une voix qu'elle n'entendrait désormais plus jamais autrement que dans ses rêves et ses souvenirs, réminiscences d'un temps plus clément où elles pouvaient discuter sans crainte de voir la folie s'emparer de l'esprit de la dame. Cet esprit fol qui avaict emporté avec luy les derniers secrets de la duchesse, en mesme temps qu'il avaict pris sa vie.
Et elle, désormais, se retrouvait avec ce vide immense, que mesme la naissance de ses deux fils n'avaict point réussi à combler. Il faudrait du temps pour que cette blessure là se referme, et ce n'estait point la cérémonie à laquelle elle allait assister à son retour dans l'abbatiale qui donnerait une once de joie à son esprit torturé par la douleur et le regret.

Les funérailles de soeur Malicia... Elle s'y attendait, estant partie lorsque le frère Enosh estait en route pour le castel des Dames Blanches afin que de récupérer la dépouille de leur soeur, cette femme avec qui elle avaict sympathisé et avec qui elle avaict pu contribuer à remettre en route les plantations de l'abbaye. Et désormais, c'estait sous la direction d'une aultre soeur qu'elle entamerait la nouvelle saison qui s'annoncerait avec le retour du printemps. Une soeur qu'elle appréciait également, et à qui elle aurait plaisir à enseigner le si peu qu'elle savait sur les plantes médicinales.

Devant la porte de l'Abbaye, Eloin mit pied à terre et guida sa fidèle jument vers les écuries, avant que de toquer à la lourde porte de bois que gardait désormais soeur Ellya.

Toc... Toc...

Et d'attendre que la porte s'ouvre, essayant en vain de river sur son visage blème quelque chose qui aurait dû ressembler à un sourire...

Après avoir remis la soeur de Malicia entre les mains d'Enosch, elle s'était rappelé qu'elle n'avait pas fermé la porte.
Pour qu'ils ne soient pas dérangés durant l'enterrement, elle s'esquiva donc discrètement pour réparer son erreur.

Bien lui en fut, puisque dame Eloin en personne venait d'arriver.

La jeune sœur lui ouvrit, ravie de la voir et ne sachant quelle attitude adopter. Elle se contenta donc de la gratifier d'un sourire et de prendre des nouvelles de sa personne: l'accouchement, le voyage...

Puis, remarquant la tenue de sa sœur, Ellya se rappela pourquoi elle était venue. Elle ferma la porte, et, toutes deux, retournèrent dans l'abbatiale.

L'air heureux de la soeur portière luy apporta un peu de joie, et elle parvint enfin à répondre au sourire qui luy estait adressé.
Elle répondit aux demandes de la jeune femme avec une certaine fierté, sentiment nouveau qu'elle avaict découvert lorsque l'on avaict posé sur son seing un, puys deux enfançons bien vivants. Elle en avaict souffert durant les dernières semaines, mais elle avaict donné la vie à deux fils, deux futurs hommes qui, elle l'espérait, auraient le Maine en amour comme elle appréciait cette province telle une étoile en plein coeur.

Eloin suivit la soeur jusqu'en l'abbatiale, se préparant à dire adieu à celle qui avaict esté plus qu'une soeur spirituelle, une amie...

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