Aucune cloche n'avait sonné et pourtant, dans une abbaye, ça aurait du tinter à cette heure dominicale. Je m'avançai dans les couloirs menant à l'abbatiale Saint-Bernard... déserte. Pas un chat, pas un voile, pas une tonsure.
Mais un autel. Et quel autel, je caressai la surface cérémonielle du bout des doigts, trainant mes yeux vers les sièges vides de l'assemblée. Ça avait de l'allure tout ça.
Mon Père, la Messe, mes frères, mes sœurs,
Oh oh ce serait le bonheuuuuuuuur
La musique dans ma tête avait tôt fait de sortir de ma bouche. J'étais à l'aise. Je pris la nappe blanche sur l'autel et la posai sur mes épaules. J'officiai maintenant... et pas à une cérémonie banale, mais au couronnement d'un nouveau Roy, en la cathédrale de Reims. Mes gestes amples enveloppaient la pièce d'un aura mystique, tandis que le Roy s'avançait dans l'allée vers moi, relais du Seigneur Tout-Puissant, les piécettes déjà tintinnabulant dans la corbeille à quête que l'enfant de cœur, à l'air fripon, faisait passer parmi les ouailles. Important, ça, les pièces.
Les gens l'appellent l'idole du jeûne
Alors mangeons solennellement
Le pain et le vin, leur sang dans nos cœurs
De Christos et d'Aristoteeeeeeeeeeeeeeeeee
Et tant l'émotion me submergeait ma tête flotta un moment, perdu dans un nuage de pensée, perdant l'équilibre. Je me raccrochai à la corde de la cloche, tout mon corps entrainant la mélodie divine, rappelant à tout les pieux moines encore au pieux à leur devoir religieux.
Mais ce vacarme ne m'avait pas fait reprendre mes esprits, et moi et le Roy imaginaire tirions gaiement la Fée Clochette. Nous propulsant tous deux vers le ciel à deux mètres au dessus du sol. Je m'esclaffai à tue-tête en chœur avec le Roy.
C'est un fameux sacrilââââge
De boire trop de gnôle
Hissez hauuuuuuuuuut
Sang de l'Agneauuuuuuuuu