arrivée d'un aspirant séminariste béarnais

Brennach avait fait un long chemin depuis Orthez. Laisser sa paroisse aussi longtemps sans vicaire officiant le désolait mais il savait également que sa démarche auprès de l'abbaye était la meilleure des actions qu'il pouvait entreprendre dans son périple personnel vers la Lumière de la Foi mais également pour le bien-être de sa paroisse et des Fidèles qui la peuplaient.

En effet, c'est ce qu'il n'arrêtait pas de se répéter avant de partir tout en faisant son balluchon, assisté par la brave Filomène à qui il confiait le presbytère durant son absence, il lui faut respecter son serment fait lors de son ordination. La licence théologique, si elle n'est pas obligatoire pour un vicaire lui avait dit Monseigneur Bushiro est néanmoins vivement conseillée. En outre, elle est nécessaire pour devenir prêtre. Or, la prochaine étape pour Brennach était bien celle-ci: devenir clerc à part entière, pouvoir gérer les affaires spirituelles et matérielles de la paroisse dans leur entièreté, In Gratibus et Res Parendo, suivre les traces de son mentor, feu le Père Estaphios.

Chaque fois qu'il pensait à l'ancien curé d'Orthez, Brennach était pris d'une vive émotion. C'est lui qui lui avait insufflé cette foi qui brûlait désormais en lui. Il était donc naturel pour le jeune vicaire pour suivre son enseignement théologique de se rendre dans les mêmes lieux que ceux qui avaient accueillis son défunt ami, confesseur et parrain dans la foi. Qui plus est, le nouveau vicaire diocésain de Tarbes, ordonné prêtre lors de la même cérémonie que Brennach dans la cathédrale Sainte-Nitouche lui avait également recommandé l'endroit.

Certes, le Berry l'emmenait loin de sa ville d'adoption, devenue sa ville de coeur, au sein de laquelle il avait plongé profondément et intiment implanté. Repartir sur les routes comme au temps où il avait accompli son compagnonnage de troubadour en compagnie de Maitre Eldarion lui laissait le sentiment d'être déraciné, arraché à sa terre nourricière. Mais une fois encore, quand le découragement le prenait sur la route, il pensait que cette étape était un passage obligé pour mieux servir les Fidèles de sa paroisse à son retour. Sa licence théologique, il la passait autant pour eux que pour lui. Il pourrait mieux répondre à leurs interrogations spirituelles et théologiques et il lèverait l'un des obstacles qui demeuraient encore devant lui pour être nommé prêtre et érudit de la foi. Cela lui redonnait la force d'avancer vers son but.

Plus le voyage avançait et plus Brennach prenait plaisir à ce qu'il considérait désormais comme un pélerinage, une quête spirituelle. Il goûtait de nouveau aux plaisirs du voyage qu'il avait perdu depuis presque une année entière et plus si on considère les derniers moments de sa vie errante de troubadour qui ressemblaient plus à ceux d'une existence de vagabond qu'à ceux d'une vie de bohème artistique.

En outre, l'occasion de se consacrer entièrement à l'étude des textes ne lui avait point été offerte depuis fort longtemps, en raison des nombreuses obligations qui étaient les siennes sur Orthez, en tant que clerc mais aussi comme conseiller municipal et capitaine de l'équipe de soule. Ce voyage ressemblait finalement à un moment de silence qui lui était offert dans la cacophonie incessante qu'était sa vie active.

Il arriva donc aux portes de l'abbaye presque à regret que le voyage s'achève mais plus déterminé que jamais. Il admira la vue d'ensemble de ce haut lieu d'étude spirituelle qui offrait une architecture à couper le souffle. Il se rendit à la porte et sonna la cloche pour prévenir le frère portier de son arrivée.

Bien le bonjour, quelqu'un peut-il m'ouvrir la porte?

Je suis le Père Brennach, vicaire de la paroisse d'Orthez en Béarn. J'ai fait un long chemin depuis mon comté d'affectation pour suivre les enseignements dispensés dans les séminaires de votre abbaye dont la réputation s'étend partout dans les Royaumes. Puis-je entrer?

Il se tut ensuite, attendant que quelqu'un vienne lui ouvrir.

Dans le froid des frimas de cette fin de mois de novembre, où la nature quittait ses oripeaux automnaux pour revêtir sa blanche capeline d'hiver, Brennach attendait qu'on vint lui ouvrir, en grelottant, les bras resserrés autour de sa taille et les mains agrippant son mantel afin que ce dernier recouvre davantage son torse, à l'instar d'un rideau que l'on tirerait pour ne plus laisser poindre la moindre lueur à l'intérieur de la chaumine.

Sur la capuche de son manteau de voyage, des perles de pluie issues du froid ambiant dégouttaient. De sa bouche, exhalait un nuage de condensation formant une fumée blanchâtre. Le vicaire tapota du talon ses bottes encrottées par le voyage, sur le bas du porche en pierre. Cela lui permettait ainsi de prodiguer dans le même temps quelque chaleur à ses pieds engourdis, puis il fit retentir de nouveau la cloche. Et d'une voix aussi ferme que possible malgré la température extérieure qui l'amenait à être tremblotante:

Bonjorn, une fois encore,

Je fais appel à l'hospitalité cistercienne. De grasce, ne laissez pas plus avant le pauvre Fidèle que je suis se morfondre dans le froid. Quelqu'un pourra-t-il m'ouvrir cette porte?

Le vicaire attendit alors que le frère portier remplisse son office.

Oblate Nombre de messages : 1215 Date d'inscription : 13/05/2010

Le frère portier, ou plutôt ici la soeur portière (mais pas celle de la voiture) s'était honteusement endormie lors de sa nuit de guet. Eilinn n'entendit pas le premier tintement de cloche, l'interpretant dans son rêve comme le gazouillis d'un des moineaux qui s'égayaient devant ses yeux, volant sur le dos de poneys joyeux, ou bien chipant une cerise d'un des gigantesques gâteaux qui sautaient de fleur en fleur. Oui c'est hautement idiot comme rêve, mais c'est un rêve.
Le second tintement de cloche réveilla ainsi la jeune fille, se retrouvant avec un vélin collé sur sa joue. Fort heureusement il était vierge, ainsi ne se retrouva-t-elle pas couverte d'encre au passage.

Quoi ? Quoi qu'est ce qui se passe ?

Le coeur battant à cent à l'heure, la gamine revint sur terre, et se rappella qu'elle était de corvée de porte. Ce qui expliquait la cloche. Et le ton de la voix de celui qui patientait derrière la porte n'était pas des plus amical, ce qui laissait à penser qu'il attendait depuis un moment. Dans un murmure suave (ahem), le petit gobelin de l'abbaye s'exclama :

Ouiiiiiiiii j'arriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiveuh !

Se frottant encore un peu les yeux, Eilinn ouvrit la lourde porte de l'abbaye, et retint un baillement.

Pardon mon frère ! Bienvenue à l'abbaye de Noirlac...

La jeune fille se poussa pour laisser entrer le nouveau venu, grelottant sous le froid qui s'engouffrait.

Qu'est ce que je peux faire pour vous ?

Brennach fut aux anges quand la porte s'ouvrit. Il s'engouffra bien vite à l'intérieur quand la soeur portière lui laissa loisir de le faire. Déjà, il sentait le bout de ses doigts et de ses pieds revenir à la vie. Son visage grimaçant de froid se détendit et c'est dans un sourire qu'il répondit:

Bonjorn ma soeur,

Ne vous excusez point, ce serait plutôt à moi de le faire. Il faut dire que le froid a fait monté l'impatience qui était déjà la mienne à l'idée de pénétrer en cette abbaye, réconfortant refuge et haut lieu de savoir.

Comme je le disais tantôt, je suis le Père Brennach, vicaire de la paroisse d'Orthez, en Béarn. J'ai fait long voyage pour venir recevoir ici l'enseignement théologique nécessaire à l'obtention de ma licence aristotélique. Mon évêque, mon ancien mentor et le vicaire diocésain de Tarbes m'ont tous les trois chaudement recommandé l'endroit et l'enseignement cistercien. C'est donc la raison de ma venue.

Auriez-vous la bonté de m'indiquer la personne à qui je dois m'adresser pour obtenir cellule de méditation et d'études, ainsi qu'un lieu de repos? Je vous avouerai que si vous pouviez également me conduire au réfectoire ou tout au moins m'en indiquer le chemin, je vous en serai d'autant plus gré. J'ai épuisé mes dernières provisions hier au soir et je suis le ventre creux depuis la nuit dernière.

Dois-je m'inscrire à quelque registre et faire quelques donations à l'abbaye pour le temps que durera mon séjour? Je dois vous avouer que l'on ne m'a laissé que peu d'informations concernant le règlement des aspects matériels de mon séjour?

Mais je suis désolé, je vous assomme de questions alors que je ne connais même pas votre nom. En tous les cas, ma soeur, je vous remercie pour votre accueil qui me sort des griffes de cette mordante bise automnale.

Oblate Nombre de messages : 1215 Date d'inscription : 13/05/2010

Tout en se réchauffant, Eilinn écouta le vicaire qui venait d'arriver.

Alors, je vous explique, pour la licence d'Aristologie, vous vous rendrez au séminaire Saint Benoit. Là vous aurez des registres, et vous vous inscrirez sur celui de la licence, et un professeur viendra vous chercher.
Ensuite, vous pouvez prendre logis dans les cellules des retraitants, vous prenez la première de libre, et bien entendu, le réfectoire de l'abbaye vous est ouvert, ou vous pourrez vous restaurer.
Si vous le souhaitez, vous pouvez participer à la vie de l'abbaye, si vous avez quelque compétence particulière, et bien entendu assister aux divers offices à l'abbatiale Saint Bernard.

Et je suis soeur Eilinn, je suis enseignante au séminaire, mais aussi, et surtout, soeur cuisinière !

Voilà une noble et belle fonction que la vostre! Je dois avouer que l'archange Sylphaël compte parmi mes préférés et quel plus grand plaisir que celui de la bonne chair? En tous les cas, je suis enchanté de faire votre connaissance Soeur Eilinn et je vous remercie pour toutes vos précieuses informations.

Mais dites moi, ma soeur, comment la soeur cuisinière se retrouve-t-elle à devoir remplir le rosle de soeur portière? Estes vous donc en manque d'effectifs à l'abbaye ou est-ce une politique de fonctionnement délibérée, visant à ce que chacun participe à chaque tasche?

Oblate Nombre de messages : 1215 Date d'inscription : 13/05/2010

Enchantée également de vous rencontrer.

Nous faisons en sorte que chacun participe un peu à la vie de l'abbaye, tout en privilégiant bien entendu notre charge principale.
Donc nous nous relayons le plus souvent à la porte, même si ce sont en général les novices qui sont dévolus à cela. Puis jouer les portiers me permet de travailler ma théologie tranquillement, et de dormir un peu plus tard le lendemain ! Enfin quand je ne m'endors pas !

Brennach sourit en entendant la réponse.

Il est vrai que l'attente à la porte peut estre une tasche fastidieuse. Et garder l'entrée du monastère peut présenter parfois quelque caractère austère. J'en parle d'autant mieux que du temps de ma jeunesse dans la vallée d'Ossau, je sympathisai avec le frère Jean, frère portier de l'abbaye proche de la ville d'Arudy. C'est à lui que je dois mon instruction littéraire au demeurant, mais il est vrai qu'il était bien heureux de mes visites qui avaient l'heur de le distraire d'une parfois longue et monotone attente.

Après bien des hésitations, Brennach s'en retournait sur les lieux qu'il avait fréquenté l'hiver dernier. Il avait tant appris auprès de Soeur Elinn qu'il ressentit un pincement au coeur face à l'abbaye qui se dressait devant lui. Tant appris et pourtant, il n'avait su aller jusqu'au bout de la démarche... Qu'à cela ne tienne, le chemin de la vertu est pavé d'embûches et le paradis aristotélicien appartenait à ceux qui savaient persévérer face à l'adversité de la Créature Sans Nom.

Il frappa donc à la porte de la conciergerie, se demandant si Soeur Elinn serait de nouveau celle qui l'accueillerait où s'il devrait suivre un autre guide. Les deux perspectives réjouissait le père Brennach tout en l'angoissant.

Il avait grande envie de reprendre les conversations avec son ancien mentor, personne qu'il estimait particulièrement. Mais il redoutait d'affronter son regard en face, après sa désertion des cours de licence en Aristologie, surtout qu'il n'était pas loin de leurs achèvements.

D'un autre côté, l'abbaye devait regorger d'esprits brillants et affûtés. Faire de nouvelles rencontres était toujours un plaisir. Ceci dit, ne pas revoir Soeur Eilinn attristerait vraiment le clerc béarnais.

Voilà les pensées qui tournaient dans l'esprit du voyageur qui venait de frapper à la porte de l'abbaye, en cette belle journée d'été.

Bonjour,

Peut-on m'ouvrir la porte? Je me nomme Brennach et suis prêtre à Orthez. Je viens achever ma licence en Aristologie après une longue absence. Achever ou recommencer d'ailleurs, si c'était la procédure à suivre.

Quelqu'un m'entend?

Le vicaire attendit ensuite tranquillement qu'on lui réponde.

Retraitant Nombre de messages : 13 Date d'inscription : 11/07/2011

Je piétinais avec les deux enfants devant la porte depuis ... hum, un long moment quand je vis un prêtre arriver poussiéreux d'un long trajet.

Le bonjour mon père, désirez-vous vous rafraichir? Je suppose que vous devez être assoiffé.
Nous attendons que l'on veuille bien nous ouvrir , mais le frère portier doit être sourd ou endormi.

Nous avons dans la voiture bon vin de Bourgogne, ou poire auvergnate à votre gré.

Je me tourne vers les jouvenceaux qui... mais que font-ils?

Eamon, Margaut, venez saluer le père

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Brennach se retourna quand il entendit qu'une voix venue de l'extérieur l'interpellait amicalement. Il découvrit alors qu'elle appartenait à une femme bien généreuse au regard de la sympathique proposition qu'elle le lui fit. La présence des deux enfants à ses côtés arracha au vicaire un sourire malgré la fatigue du voyage.

Bien le bonjour, gente dame. Voilà bien aimable proposition de votre part. Je goûte pour ma part à la fois au bon vin et à l'alcool de poire. Je vous laisserai donc seule juge du plus agréable à partager par ses chaleurs estivales.

Quant au frère portier, il finira bien par se montrer. Ce n'est point mon premier séjour icelieu et je puis affirmer qu'on finit par en franchir le seuil. La dernière fois, l'attente m'avait semblé moins agréable puisque les pieds dans la neige, le nez au vent glacial et sans compagnie. Fort heureusement, cette fois, tous ces désagréments me sont épargnés, et ce en partie grâce à votre intervention.

Comme vous avez dû l'entendre, je me nomme Brennach et vient du Béarn. Pourrais-je à mon tour connaître le nom de ma bienfaitrice?

Puis s'adressant aux enfants:

Bien le bonjour les enfants. Le voyage ne vous a point paru trop long? J'imagine qu'à votre âge, on trouve toujours matière à se divertir que l'on soit par monts et par vaux ou installé dans confortable masure. Peut-être le jeu est-il plus divertissant encore lorsqu'on voyage...

Retraitant Nombre de messages : 18 Date d'inscription : 11/07/2011

Fichtre... ce ne sera pas cette fois que la curiosité de ma Duduche sera satisfaite, l'arrivée inopinée du Père Brennach - ainsi qu'il se présenta - nous empêcha de mener notre escalade à bien...
Aussi, fis-je descendre Margaut de son perchoir, non sans lui avoir volé un léger baiser au passage en souriant de façon mutine.

- Viens ma Douce... allons saluer le Père...

En nous approchant, nous pûmes entendre les paroles qu'il adressa à Damisella après son invitation à partager une boisson... je mentirais en disant qu'un rafraichissement serait mal venu... plus que l'impatience, la soif se faisait sentir, soudain.

Puis, le Père - un brave homme à ce qu'il me parut d'emblée - s'adressa à nous :

- Bien le bonjour les enfants. Le voyage ne vous a point paru trop long? J'imagine qu'à votre âge, on trouve toujours matière à se divertir que l'on soit par monts et par vaux ou installé dans confortable masure. Peut-être le jeu est-il plus divertissant encore lorsqu'on voyage...

- Le bon jour, mon Père... Permettez moi de vous présenter la Duchesse Damisella de Roanne et sa fille Margaut, toutes deux Auvergnates. Je me nomme Eamon de Trévière et, pour ma part, je suis gascon... de Mimizan.
Nous nous présentons icelieu afin, Margaut et moi, de suivre une Pastorale en vue de notre baptême. La Duchesse nous accompagne et nous chaperonne... enfin, je veux dire... nous guide et nous conseille.
Quant à nous divertir... Ma foi, malgré notre jeune âge, nous sommes d'ores et déjà promis à une destinée qui nous éloigne précocement de l'enfance, mon Père.

Le pauvre homme ne devait pas entendre grand chose à mes explications, et pour cause ! Comment pouvait-il deviner que Margaut et moi étions promis l'un à l'autre ? Et comment lui expliquer que nous allions partir en guerre... que Margaut se destinait à la médecine et moi à la Licoren ?...
Aussi me hâtai-je de changer de sujet :

- Voudriez-vous nous rejoindre à notre voiture ?... Je trouve que la proposition de Dame Damiselle vient à point nommer afin d'agrémenter notre attente d'un rafraîchissement.

Déjà Damisella se dirigeait vers notre équipage. Je pris alors la main de Margaut et empoignai la besace du Frère afin de le soulager... le pauvre homme avait dû marcher bien des leieues avant de se pouvoir reposer ici.

- Venez mon Père... venez vous mettre à l'ombre et vous reposer un peu...

Retraitant Nombre de messages : 13 Date d'inscription : 11/07/2011

Mais oui mon père venez près de la voiture

(hop sautez de topic s'il vous en convient)

(sautons de topic car il m'en convient ^^)

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