Arrivée d'Eamon et Margaut

Une pastorale... un tournant dans la vie d'un jeune homme... Mais pour moi, la promesse du partage de toute une vie avec ma promise !
C'est le coeur serré que je tiens la menotte de Margaut en nous présentant à l'entrée de cette belle abbaye.

Sa maman nous précède, c'est elle sans doute qui nous présentera à l'abbé chargé d'assurer l'enseignement des livres saints aux garnements que nous sommes encore parfois...

Petite oeillade complice à ma Duduche et nous attendons la suite...

Cela faisait longtemps qu'on me bassinais, avec cette pastorale. La fameuse obligation du privilège de ma naissance noble. J'aurait bien repoussé l'échéance mais voilà, la vie en avait décidé autrement. Puis mon oncle m'avait tellement parlé d'Aristote que maintenant je tenais absolument à en savoir davantage.

C'est donc un large sourire sur le visage et la menotte dans celle de mon Prince que je m'avance, ma mère, se tenait légèrement devant pour ouvrir la marche. Elle avait tenu à nous accompagné et ce n'était pas pour me déplaire. J'avais été privé d'elle bien trop longtemps pour faire ma difficile.

Je souris à mon prince et me plante devant l'entrée en attendant quelqu'un....

Une pastorale... un tournant dans la vie d'un jeune homme... Mais pour moi, la promesse du partage de toute une vie avec ma promise !
C'est le coeur serré que je tiens la menotte de Margaut en nous présentant à l'entrée de cette belle abbaye.

Sa maman nous précède, c'est elle sans doute qui nous présentera à l'abbé chargé d'assurer l'enseignement des livres saints aux garnements que nous sommes encore parfois... Sage décision que celle de nous accompagner... il me revenait en mémoire moultes gaffes et boulettes commises pendant certains offices... hem...

Petite oeillade complice à ma Duduche et nous attendons la suite...

Le temps passe doucement, les jeunes commencent à s'impatienter...
Je fais les cent pas devant cette porte close, puis d'un pas décidé je m'en approche et secoue vigoureusement la cloche........* DING DING DING DING DING *

Je retourne vers la voiture

Pilou, commencez à décharger nos bagages et donnez à boire aux chevaux.

Mais où est passé le frère portier? Une station prolongée aux lieux d'aisance serait signe sans doute d'une nourriture frelatée.... A moins qu'il ne soit occupé à courir dans un corridor..... ou qu'il ne se soit endormi.... En ce cas, le tintamarre de la cloche devrait le réveiller.

Le temps commençait à devenir bigrement long, du haut de mes 11 ans j'avais encore beaucoup de mal avec la patience. Oh !!! Je savais être très patiente pour certaines choses, mais dans ce cas là précis, je m'impatientais pour plusieurs raisons. La première je détestais faire le poireau devant une porte close, ensuite j'avais une envie pressante qui devenait de plus en plus pressante si vous voyez ce que je veux dire et pour terminer, j'avais grande envie de visiter cette Abayye qui semblait au demeurant fort accueillante. Fin façon de parler encore fallait-il y être accueillit justement.
Toujours est -il que j'avais hésité entre me trouver un petit coin ou assouvir mon envie pressante ou bien persister jusqu'à pouvoir accéder aux latrines de l'Abbaye.
Je fus retirer de mes pensées par le tintement d'une cloche.

Enfin, quelqu'un viens nous ouvrir....

Fausse joie, faux espoirs, il ne s'agissait que du son de la cloche que mère venait d'actionner. Elle semblait être tout aussi impatiente que nous et avait trouvé une solution à sa manière. Cette cloche me fit sourire et je fis un clin d'oeil à mon prince avant de m'emparer à mon tour et de la secouer en tous sens.

DINGGGGGGG, DINGGGGGGGGG, DONGGGGGGGG.

Il ne s'agissait pas ici du tintement de la cloche mais des bruits qui provenait de ma gorge, car j'avais accompagnée le son de la cloche de ma voix mélodieuse. Je me tournais vers mon prince.

Tu crois qu'on pourrait regarder par les fenêtres si nous voyons quelqu'un ???

Puis je mis mes mains en porte voix et me mis à hurler.

Messire le Curéééééééé, vous êtes là ??????? Il faut que j'aille aux latrines, s'il vous plait

DINGGGGGGG, DINGGGGGGGGG, DONGGGGGGGG.

Messire le Curéééééééé, vous êtes là ??????? Il faut que j'aille aux latrines, s'il vous plait


- Tu crois qu'on pourrait regarder par les fenêtres si nous voyons quelqu'un ???

Les abbayes sont, traditionnellement, reconnues pour leur calme, leur sérénité, propices à la prière et à la méditation... à la communication avec le Très Haut... à l'étude et au recueillement, même !

C'était hélàs sans compter avec l'arrivée vigoureuse du clan de Roanne et Trévière unis dans une ferveur religieusement studieuse et une impatience grandissante... à la fois dans le désir de conclure une pastorale tant désirée, mais aussi un besoin pressant surgi incongrument dans les entrailles de ma promise, les dites entrailles étant comprimées par des braies serrantes et une longue route en chariotte.

Sous le regard déjà catastrophé de ma future belle-mère, nous manifestions donc une impatience de mauvais aloi à peine justifiée par les motifs ci dessus exprimés.
Que diantre... quand on appartient à des familles comme les nôtres, on ne se conduit pas comme le premier chiffonnier venu... Làs... Nous n'en avions cure en cet instant.
En effet, une première ébauche de Pastorale interrompue fortuitement à Mimizan, faute de combattants - et aussi à cause de notre départ précipité de Gascogne - nous avait laissé un désagréable arrière-goût de "trop peu" à cataloguer dans les "actes manqués"... Et nous étions bien décidés cette fois à aller jusqu'au bout de celle-ci... si toutefois le Frère Portier daignait porter son attention sur notre arrivée.
C'était là notre seule excuse.

Gascon turbulent avec dans les veines le sang bouillonnant de mes ancêtres Irlandais, en ce moment précis, je n'avais cure des convenances... considérant, à juste titre, selon moi, qu'il ne sied pas de laisser poireauter de la sorte des jeunes gens fervens aristotéliciens et, pour ma part, fils de Diacre de surcroît, avides d'entrer enfin dans la communauté religieuse de notre confession. Me disant qu'avec une telle attitude, ce n'était pas étonnant que les églises se vident !

Aussi, faisant écho à ma complice, je m'adossai au mur et, les mains réunies en coupe, je lui offrit une courte échelle qui lui eut, normalement, permis de jeter un coup d'oeil par la fenêtre basse de ce que je pensais être la conciergerie.

- Bonne idée Margaut... tiens, viens là... Mais pour l'amour du Ciel, retiens toi un peu et ne me fais pas pipi dessus !...

(suite de la conversation avec le père brennac.
Comment ça on mélange tout? Meuh nan, fallait pas nous laisser dehors, na!)

Je laissais Eamon qui se débrouillait fort bien discuter avec le père et en profitais pour demander à Pilou de sortir du grand coffre arrière de la voiture le panier de victuailles.

Venez mon père, approchez-vous, nous avons.... voyons voir... Un vin assez léger peut-être avec cette chaleur? J'ai là un petit Mâcon qui devrait vous plaire.... et pour l'accompagner voyons

Je déballe une grosse miche de pain, un cuissot de sanglier séché et légèrement fumé, une belle andouillette.

Des fruits pour finir cela suffira-t-il?

Bon qu'à cela ne tienne, puisque je ne saurais voir au travers des vitres de la conciergerie, je me contenterais de soupirer à moult reprise pour montrer mon agacement grandissant. Je fis cependant belle figure devant le prêtre. J'allais me présenter comme il se doit mais mon prince le fit avant que je n'eus le temps d'ouvrir le bouche. Aussi je me contentais de sourire au prêtre avant de suivre mère et Eamon vers la voiture.

Mon père vous connaissez déjà ce lieu ?? Savez vous si l'attente est si longue, j'ai une cruelle envie qui ne saurait attendre plus. Et je crains de.....

Je n'eus même pas le temps de finir ma phrase, je ne pouvais plus me retenir, je lorgnais à droite puis à gauche, à la recherche d'un coin où je pourrais faire mes besoins à l'abri des regards indiscret. Après quelques secondes je me décidais pour le petit buisson qui se trouvait à gauche de l'Abbaye. Il était assez loin de la route, pour que je sois tranquille. Sans même m'excuser auprès du prêtre je partie en courant comme une gazelle.
Une fois bien camouflé par mon buisson je défis mes braie et me soulageais, longuement. Il faut dire que je m'étais retenu au plus que je le pouvais. Une fois mon besoin pressant assouvis je me revêtis puis je retournais en sifflotant auprès de mère. Je cherchais dans la voiture de quoi me rincer les mains puis une fois ceci fait, je plongeais ma main dans un petit panier pour y prendre un fruit.

Des fruits pour commencer, mère c'est très bien....

Je ne m'attardais point davantage et tout en croquant dans mon fruit je retournais devant le fenêtre de la conciergerie. Je mis alors le fruit dans ma bouche et de mes deux mains appuyées contre le mur je m'aider pour sauter afin d'essayer d'entrevoir quelque chose. Trois sauts plus tard, le fruit qui avait trouvé refuse entre mes dents m'échappa et se mis à rouler par terre. Je soupirais à nouveau en retournant vers la voiture.

Mamannnnnnnn, j'en ai marre d'attendre...

Je me mis assise en tailleur et j'appuyais ma tête contre mes mains. Puis je regardais le prêtre.

C'est toujours aussi compliqué de faire une pastorale??? Parce que je n'oses imaginer pour un baptême. Il va falloir que nous venions directement avec nos tentes.

Toujours assises en tailleurs la tête supporté par deux mains, comme si la lourdeur de cette dernière était insupportable, j'écoutais attentive la réponse du prêtre à ma question. A l'entendre je soupirais de plus belle, c'était clair je n'avais pas finit, d'attendre sous le soleil de plomb de ce mois de juillet.
Au moins nous avions de quoi boire et manger c'était déjà ça. Alors que je tournais ma tête pour regarder mon prince, un grincement se fit entendre. Ni une, ni deux je lorgnais désormais vers l'entrée de l'abbaye qui venait de s'ouvrir alors que je ne m'y attendais plus du tout.
Je ne savais même pas comment réagir tant l'apparition de la dame fut un réel choc.
Je me levais d'un geste vif et m'avançait vers la dame faisant le plus beau sourire que je pouvais.

Bonjour, ma d.... M...., mère, je suis Margaut de Roanne. Nous sommes heureux, de voir enfin cette porte s'ouvrir.
Pour l'attente c'est à dire que, c'était un petit peu long, mais comme je n'ai plus envie de faire mes besoins, je pouvais attendre encore un peu vous savez.
Mais puisque vous êtes ici, nous voudrions, mon prince et moi même faire une pastorale en votre Abbaye, qui je suis sure est très belle tout du moins vu de l'extérieur.
Quand au père je vous avoue ne pas savoir pourquoi il est ici.

Je regardais alors ma mère d'un oeil sombre lorsqu'elle proposa à la révérente mère de partager notre collation. Je n'étais point égoiste et l'aurait partagé avec grand plaisir, mais pour l'heure je n'avais qu'une envie rentrer à l'abri et surtout savoir où je devais aller pour faire ma pastorale. Ce n'était vraiment pas le moment de proposer un repas, j'avais bien trop peur que la porte ne se referme en nous laissant dehors.
Cependant je ne voulais point passer pour la fille égoiste je fis donc grand cas de ce que j'avais à dire et me contentait de me rasseoir au sol en reposant ma tête sur mes mains et en soupirant à nouveau.

A peine eut-il le temps d'achever sa tirade sur la nécessité de la patience que celle des voyageurs qu'ils étaient fut récompensée par l'arrivée de la mère abbesse Eloin. Il sourit à cette apparition car il revoyait ce visage familier avec plaisir, même si son estomac par les mets généreusement alléchés criait à l'injustice de les voir lui passer... sous le nez!

Qu'à cela ne tienne, il n'était point venu pour s'emplir la panse et esprit était encore plus fort que la matière. D'autant qu'avant qu'il ait pu intervenir, la mère abbesse proposait généreusement de continuer la collation improvisée au réfectoire. Cette idée séduisit le clerc béarnais, d'autant qu'il sentait bien que la jeune Margaut n'en pouvait plus de réfréner son frein. Il était agréable de constater tel enthousiasme pour une pastorale.

La mère abbesse vint à l'aborder et après lui avoir rendu son salut, il répondit à sa question:

Ma mère,
Votre mémoire ne vous fait point défaut. Je me rendis bien icelieu l'hiver dernier pour suivre une licence en Aristologie, dernier élément nécessaire à la validation de ma charge. Je fus ordonné prêtre en novembre de l'année dernière mais n'est point encore le diplôme pour exercer à ce titre, ne le faisant qu'à titre de vicaire encore.

En fait, je n'ai pu achever à l'époque mon cursus auprès de Soeur Eilinn, bien que j'avais été fort loin en la matière, neuvième ou dixième leçon, je ne me souviens plus parfaitement. Quoiqu'il en soit, après une période de retraite méditative, je reviens à la charge et espère bien venir à bout de l'exercice, si l'on m'accepte comme élève bien entendu.

Je finirai par vous dire que c'est un plaisir de revenir en cette abbaye, lieu que j'apprécie pour son charme studieux et les rencontres que l'on peut y faire. Je vous remercie d'ailleurs pour les quelques conseils que vous aviez pu me donner à l'époque et j'espère que l'office que je célébrais dans votre chapelle ne fut point trop laborieux.

Sur ce, je vous suis de bon coeur ou je repartirai dans quelques jours après m'être recueilli si je ne devais point être accepté comme élève.

Se tournant vers Damisella de Roanne d'Azayes, il ajouta:

Madame, ce fut un plaisir de vous rencontrer, et j'espère avoir loisir de continuer à pouvoir converser avec vous, au-delà de ce repas improvisé. Je suis pour ma part dans ces lieux pour plusieurs mois, si je suis accepté en tant qu'élève et si ce n'était point le cas, nous nous croiserons certainement au réfectoire pendant les quelques jours que je passerai en prière.

Puis vers les jouvenceaux:

Jeunes gens, puisse votre pastorale vous apporter autant que m'apporta la mienne. Elle ouvre un chemin de vertu qui n'est pas seulement pavé de doctes enseignements livresques mais d'un guide de vie aux valeurs et saveurs à nul autre pareil.

Les choses prenaient tournure courtoise et divertissante...

Cette attente eût au moins le mérite de nous permettre la rencontre avec un Père bien sympathique. J'espérais que celui qui nous enseignerait soit aussi amène.

Dame Damisella, parfaite comme à l'accoutumée, avait le don de mettre tout le monde à l'aise. Transformant cette attente pénible en charmant pique nique, elle réussit même à dérider ma Duduche.

L'arrivée de la Mère Abbesse eut le don d'ajouter du baume sur les plaies de notre impatience : Nous allions enfin pouvoir nous inscrire à cette Pastorale qui nous tenait tellement à cœur.

Je saluai la religieuse avec déférence et, l'ayant laissé échanger quelques mots avec le Père Brennach, je la remerciai poliment :

- Grand merci Ma Mère pour vostre accueil et ces précieux renseignements... Nous allons de ce pas suivre vos conseils et nous rendre à la salle d'inscription au Séminaire.

Puis, me tournant vers le Vicaire, je prononçai en souriant, non sans une pointe de malice :

- Le chemin que nous voulons emprunter est bien celui qui mène à la rencontre du Très Haut, mon Père. Et, sans mauvais jeu de mots, vous prêchez des convertis... petit sourire appuyé, puis... Mon Papa est Diacre à Mimizan et je reçus depuis la plus tendre enfance un enseignement aristotélicien... dans toute la simplicité rustique des gens rudes de Gascogne, mais fervents croyants. Cette pastorale est importante pour nous car elle nous offrira l'accès à cette communauté au sein de laquelle nous voulons, le moment venu fonder famille, ma promise et moi. Vos paroles nous sont un encouragement inestimables et je vous en remercie du fond du coeur.

Je m'inclinai respectueusement et rejoignis ma Duduche qui semblait bouder et lui dis à mi-voix :

- Bin ma douce... tu vois, tout s'arrange... On va la faire notre Pastorale...

Et je la gratifiai d'en tendre sourire tout en serrant sa menotte dans la mienne en guise d'encouragement.